It Follows a beau tenter de se poser en mystère, le second long métrage de David Robert Mitchell, tout comme la sensation d'engourdissement inconfortable mais entêtante qu'il provoque, peine à masquer la puissance de ses contradictions. Car derrière la stylisation souvent vaine de sa mise en scène, It Follows ne déblaie que peu l'esthétique horrifique dont il se réclame. Efficace parce qu’étonnamment académique dans sa construction de la tension (synthé obsédant, panoramiques angoissants et présence hostile en arrière-plan), It Follows réussit néanmoins là où de nombreuses fables horrifiques échouent désormais : provoquer l'angoisse. Une angoisse sourde et dense, continuellement en mouvement, identifiable non pas par sa forme mais par son ébranlement. Une vision à la fois pure et réactualisée de l'horreur rampante, qui, à défaut d'être novatrice, manque tant à la production horrifique contemporaine qu'elle n'en est que plus remarquable. David Robert Mitchell a beau émailler son long-métrage de scènes gratuites voire injustifiables, il ne les livre pas moins tendues comme autant de ficelles de string. Un bon film d'horreur ne devrait jamais chercher à voir plus loin, et il serait difficile de reprocher à It Follows sa prétention cosmétique si elle ne prenait pas la forme d'un symbolisme malheureux (inceste, œdipe, liquide amniotique, perte des eaux, règles, insérer icônes victoriennes) et si elle ne cadenassait pas son propre commentaire social sur la terreur sexuelle. "At your age, you're going to have a lot of urges. You're going to want to take off your clothes and touch each other. But if you do touch each other, you will get chlamydia, AND DIE", disait un hilarant Coach Carr dans Mean Girls il y a dix ans.
Comme quoi, de la blague au cauchemar éveillé, il n'y a qu'un pas. Sans mauvais jeu de mots. Quoi que...