It Follows par Charles Dubois
A croire que les critiques n'ont vu que l'aspect esthétique. Parce qu'en effet sur ce point ils ont raison. Le réalisateur impose son style, mêlant plans séquences où la caméra ne cesse de tourner, gros plans anxiogènes, caméra embarquées, séquences époustouflantes (notamment des images avec l'eau des différentes piscines)... Bref plastiquement le film est totalement réussi (même si l'on sent rapidement que le style s’essouffle et se recycle.).
Mais cet aspect ne sert en rien au film d'horreur qui lui sert de support, sans le desservir non lus, soyons honnêtes.
David Robert Mitchell prend appui sur un scénario d'autant plus intriguant qu'il est ridicule pour servir au public une réflexion plus que déroutante sur l'âge adolescent et la jeunesse plus généralement. C'est pourquoi le sexe, source d'inquiétudes et d'excitations, est mis au cœur du sujet, rendant stupide l'aspect horrifique du film. Pourquoi ne pas avoir plutôt fait un film sur l'âge adolescent et sur la sexualité et non un film d'horreur qui ne fait jamais peur (à part bien sûr les inévitables "screamer" qui font sursauter) et qui ennuie plus qu'autre chose ?
En effet le sexe est tellement (et beaucoup trop) au cœur de tout l'intrigue qu'on a plutôt l'impression que les gamins se refilent une MST plus qu'une malédiction...
On a donc un regard malsain sur cette jeunesse heureusement pas trop clichée, une caméra qui reluque les jambes et le cul des gamines, qui se collent bien près d'un couple faisant l'amour, qui dépoile en permanence et assez inutilement ses actrices, et qui pour se donner bonne conscience filme des fleurs en plongée et des arbres en contre-plongée, à la manière d'un Malick raté.
Sorte de clip géant, le film ne vole pas très haut mais est exquis concernant son style impeccable et sa Bande Originale excellente, qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler les thèmes entêtants d'un Carpenter, qui serait ici passé sous le synthé d'un Kavinsky.