⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

J'ai toujours considéré qu'une bonne BO pouvait instaurer une ambiance à elle seule, voire constituer la réussite d'un film entier. Des fois je me demande si un film mérite vraiment mes louanges car je me sens incapable de l'évaluer hors de sa musique. Un peu comme ces films tout pourris qui arrivent à nous piéger juste à cause d'un·e joli·e actrice/acteur bien mis·e en valeur. Mais si je me retrouve pleinement immergé dans un film, qu'importe que ce soit grâce au compositeur plutôt qu'au réalisateur ? Qu'importe qu'un film perde son intérêt sans sa musique ? Si on l'a apprécié dans son état actuel, alors c'est tout bon.


Si je commence par ce point, c'est parce que la musique de It Follows est clairement ce qui marque le plus. Elle nous saute au visage dès l'intro pour nous coller au siège alors que le film vient à peine de commencer. Elle nous crispe comme c'est pas permis lors des scènes "d'action". Elle nous fait planer lors des scènes de repos. Elle nous fout une droite lors du générique. C'est du pur synthé, un truc que j'adore. On pourrait dire que le film existe juste pour la musique tant elle nous donne une claque, mais il ne se repose pas uniquement dessus. De quoi élucider mon faux dilemme du 1er paragraphe, comme une mauvaise comédie romantique qui se terminerait sur un happy end improbable.


Je n'aime pas enlever le sentiment de découverte aux gens, ce qui me gêne toujours pour expliquer les qualités d'un film et m'interdit de faire des analyses poussées (faut pas mâcher le travail des spectateurs). Je vais donc tâcher de rester le plus vague possible. Une jeune adulte devient la cible d'une Chose qui va la traquer toute sa vie pour la tuer. Elle se retrouve ainsi dans un état d'angoisse et de paranoïa permanent. La base est là, la musique également, ne reste plus que la mise en scène. Eh ben elle fonctionne du tonnerre. La photographie est magnifique, les effets de flippe sont présentés avec une sobriété visuelle qui les rend très glaçants. Le réalisateur sait quand il doit montrer la Chose ou non, il laisse plein d'éléments pour nous faire douter. La fatalité qui poursuit l'héroïne (que j'ai trouvé plutôt juste et attachante) donne une sensation de stress constant. J'ai été complètement emporté, le film a réussi à me captiver de bout en bout. Moi qui me plaignais avec Conjuring que je n'arrivais pas à trouver chaussure à mon pied en terme de film d'épouvante, me voilà comblé. En plus le film a le bon goût de ne pas s'éparpiller avec des explications inutiles.
D'où vient cette Chose ? On ne sait pas.
Comment en sait-on autant sur elle ? On ne sait pas.
Et on s'en fiche. Cela donne un film qui va droit à l'essentiel.


En plus de cela, It Follows se targue de faire référence à une angoisse bien réelle que l'on a tendance à mettre de côté dans les films. Tout le monde connaît la Chose dans la vraie vie, qui peut représenter ces inconnus qui nous font irrationnellement stresser, mais surtout la Mort inéluctable et contagieuse, due à une situation bien connue. Certains ont vu dans ce film une idéologie douteuse. Il est vrai que si on le prend au 1er degré, on pourrait croire qu'il véhicule des idées assez nauséabondes. Mais le réalisateur s'abstient de juger les personnages, et les détails sur la Chose qui pourraient être vus comme des messages insidieux ne sont pour moi que des éléments qui servent une histoire horrifique. Le film fait à la fois la présentation d'un sujet précis anxiogène qui affecte beaucoup de monde, et un film d'épouvante qui se sert de certaines mécaniques particulières pour se montrer cruel envers ses personnages. Je ne pense pas qu'il faille toujours considérer les rouages horrifiques comme porteurs d'une idéologie, le but reste de tourmenter l'héroïne par bien des moyens. Un peu comme dans Ring. Faut pas y chercher une morale, il n'y en a pas.


Ce film est pour moi une claque, j'étais statufié sur mon siège. Je donne le mot de la fin à l'un des spectateurs qui a quitté la séance en disant à son pote :
"Putain, la BO !"

thetchaff
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2015, Les meilleurs films d'horreur, -C'est nul parce que -TA GUEULE ! et Watching Challenge 2015

Créée

le 13 févr. 2015

Critique lue 450 fois

6 j'aime

thetchaff

Écrit par

Critique lue 450 fois

6

D'autres avis sur It Follows

It Follows
Kogepan
8

Miii ._. (ou : les aventures d'une souris devant un film d'horreur)

Je ne regarde pas beaucoup de films d'horreur. J'ai les bases, j'aime bien occasionnellement me poser devant un bon gros film terrifiant avec une bière, un coussin (très important, le coussin) et mon...

le 11 févr. 2015

137 j'aime

9

It Follows
Sergent_Pepper
7

Suivre et survivre

C’est sur un éblouissement propre à séduire le cinéphile peu connaisseur du genre que s’ouvre It Follows : une superbe leçon de mise en scène. Le plan séquence initial, tout en lenteur circulaire,...

le 15 juin 2015

120 j'aime

11

It Follows
Velvetman
8

Only monster forgives

Où sommes-nous ? Ce bruit assourdissant, dissonant, qui nous parvient à la vue de ce quartier pavillonnaire tout droit sorti de Blue Velvet ou Donnie Darko. Une jeune adolescente peu vêtue sort de...

le 5 févr. 2015

117 j'aime

8

Du même critique

Seven Sisters
thetchaff
5

On aurait dû faire un calendrier à 5 jours

Des mini-divulgâcheurs se sont glissés dans cette critique en se faisant passer pour des lignes normales. Mais ils sont petits, les plus tolérants pourront les supporter. Seven Sisters est l'exemple...

le 2 sept. 2017

95 j'aime

9

Matrix Resurrections
thetchaff
6

Méta rixe

Cette critique s'adresse à ceux qui ont vu le film, elle est tellement remplie de spoilers que même Neo ne pourrait pas les esquiver.On nous prévenait : le prochain Matrix ne devrait pas être pris...

le 27 déc. 2021

73 j'aime

3

Zack Snyder's Justice League
thetchaff
6

The Darkseid of the Moon

Vous qui avez suivi peut-être malgré vous le feuilleton du Snyder Cut, vous n'avez sans doute pas besoin que l'on vous rappelle le contexte mais impossible de ne pas en toucher deux mots. Une telle...

le 19 mars 2021

63 j'aime

4