Encore un Ken Loach qui touche à une actualité aussi brûlante que déprimante, avec ici une touche froide et dure qui la rend encore plus "indigeste". Ken Loach aborde ici le double problème de l'immigration en Grande-Bretagne (légale et illégale)et de l'exploitation que ce "matériel humain" subit entre les mauvaises mains. Ce qui est original dans "It's a free world", c'est qu'au lieu de nous faire suivre une famille d'immigrants, on nous propose de suivre le parcours d'une jeune recruteuse RH qui, virée de son job, va essayer d'ouvrir sa propre boite de recrutement et va ce faisant dévier jusqu'à exploiter ses travailleurs.
La caméra du réalisateur, va comme d'habitude flotter, sans fioriture aucune, autour de son personnage principal, mettant en avant son destin personnel (elle est virée de son job, elle élève seule un gamin perturbé au possible, elle s'endette etc...) et c'est presque du coin de l’œil que l'on rencontre le vrai sujet du film, ces hommes et ces femmes exilés loin de chez eux, essayant de survivre sur un marché du travail qui les maltraite, et vivant de justesse de petits jobs en bidonvilles.
Chaque journée commence par une "embauche à la criée" , un aspect que j'ai trouvé très bien car ainsi chacun des migrants est appelé par son nom, nous rappelant qu'il s'agit bien là de personnes et non de "ressources".
L'actrice principale (Kierston Wareing) est formidable et trace un portrait convaincant de cette femme qui au départ voulait bien faire mais se retrouve peu à peu dans un engrenage déshumanisant (et pas qu'un peu violent) qui la transforme en exploiteuse de ces illégaux à qui elle fournit travail et faux papiers. Ce n'est certes pas le meilleur Loach car au personnage peu sympathique s'ajoute un traitement un peu forcé du sujet (quand elle essaye d'héberger une famille ou au contraire dénonce ses travailleurs) mais bon tout cinéma social est bon à prendre par les temps qui courent...
Du Ken Loach, tout simplement et donc recommandé, les zenfants !