Le quartier d'Itaewon s'est construit à côté de la base américaine et a pendant longtemps abrité presque uniquement des bars et des clubs destinés aux militaires stationnés en Corée. Mais la base est en train de déménager, ce qui va provoquer des changements, avec la menace d'un réaménagement planant sur le quartier.
On suit donc nos trois mamies au caractère bien trempé : l'une tient un bar depuis 40 ans, une autre vit de petits boulots, et la dernière élève sa nièce et vit de minimas sociaux et de ce que verse son frère pour la petite. Elles n'ont pas une vie facile, et appréhendent toutes leur fin de vie, mais il faut continuer, elles n'ont pas le choix. La caméra de la réalisatrice est très pudique, ne juge jamais, et nous montre ces trois femmes comme la mémoire d'un passé que le gouvernement coréen cherche à effacer. L'une d'elle dit même à un moment qu'il faudrait faire un musée ou un mémorial plutôt que de tout raser. Une autre affirme que les femmes qui ont bossé à Itaewon sont de vrais héroïnes, et qu'elles ont "servi leur pays avec leur chatte" (sic).
Parce que Itaewon, malgré son évolution vers un quartier cosmopolite, garde une réputation sulfureuse, et a longtemps été appelé "Hooker Hill", la colline aux putes. Nos trois mamies ont d'ailleurs eu à subir des injures de la part des Coréens, se faisant traiter de "putes à Yankees".
Le film nous montre un décalage entre ces trois femmes, dépositaires de la mémoire d'une époque révolue, et un quartier en évolution, avec une mosquée, des restaurants de toutes nationalités, et surtout, l'arrivée d'enseignes internationales qui font grimper les loyers, et des promoteurs qui rachètent des immeubles ou des clubs pour en faire des hôtels ou autre. Des associations de quartier essaient de lutter contre la gentrification en cours, mais savent le combat perdu d'avance.
Le film se termine sur le bar de Samsook, qui rallume son enseigne de bar, encore une fois, mais pour combien de temps?