Je sors de la Cinexpérience 71 (au passage, merci Sens Critique de m'avoir encore une fois invité) , et je viens de prendre une grosse claque dans la tronche, et j'écris cette critique encore sous le coup de l'émotion.
Nous avons là un film angoissant, un film d'horreur, même, découpé en plusieurs chapitres, chacun filmé en un plan séquence, qui relate la Nuit en Enfer d'une jeune femme violée par des policiers et qui cherche à porter plainte contre eux dans la Tunisie post-2011. Sauf qu'à la différence du film de Rodriguez auquel je fais référence dans le titre de ma critique, cette histoire est inspirée de faits réels ayant eu lieu en 2012, et les monstres sont bien humains et réels.
C'est brut, c'est intense, on tremble, on éprouve de la rage, on est sidéré, on n'arrive pas à respirer, on subit les humiliations et les injustices en même temps qu'elle.
Elle lutte contre un système corrompu, où la victime du viol est forcément un peu coupable, et où l'institution, qu'elle soit hospitalière ou policière, enfonce et détruit au lieu de protéger et de prendre soin des victimes. A tel point qu'on doute d'un dénouement positif pour cette jeune femme, admirablement interprétée par Mariam Ferjani : elle passe en un clin d'oeil par différentes émotions, elle incarne un personnage tragique, maudit, presque. Tout le monde ou presque est contre elle, et ses soutiens se réduisent petit à petit au long du film. Acculée, elle n'en trouve que plus d'énergie pour lutter contre ses oppresseurs, afin d'obtenir réparation.
Le salut viendra finalement d'un vieux policier qui croit encore en sa mission initiale, laissant notre héroïne partir obtenir justice dans la lumière du petit matin.