La Belle Et La Meute sort en salles le 18 octobre. Inspiré de faits réels, la réalisatrice Kaouther Ben Hania y raconte l'histoire d'une descente aux enfers : Mariam, une jeune étudiante tunisienne, est violée lors d'une soirée et, encore sous le choc, tente de porter plainte mais se heurte à de nombreux obstacles.
Le film est très marquant sur plusieurs points ; tout d'abord par rapport au thème, abordé de manière très frontale même si le viol n'est pas directement montré. Les acteurs ne sont pas avares en émotions : Mariam (Mariem Ferjani) apparaît en larmes, son maquillage a coulé, elle enchaîne les crises de nerfs et de panique, le public sent qu'elle est en état de choc profond. Les policiers et le personnel de l'hôpital, qui deviennent vite des antagonistes, ne lui viennent pas en aide et dévoilent une triste réalité, car leur comportement n'est malheureusement pas réservé qu'à la fiction.
Ce que l'on retient le plus est probablement la réalisation, non dénuée de sens. La Belle Et La Meute est composée de neuf chapitres marquant chacun un moment clé de la soirée cauchemardesque de Mariam. Chacun de ces chapitres est tourné en un seul plan séquence d'une dizaine de minutes en caméra portée. Cette ambition de Kaouther Ben Hania est totalement maîtrisée : pas un souci technique malgré les nombreux déplacements et changements de décor pendant les plans-séquences. La réalisation est fluide à tel point que l'on en oublie que ce sont des one-shot. On est quasiment dans un documentaire où la caméra suit les acteurs pour aller chercher l'action au lieu de les diriger. Pourquoi un tel choix de la part de la réalisatrice ? L'une des réponses qui viennent en premier à l'esprit est la volonté de super-réalisme. Ces longs plans-séquences nous plongent dans un film où le temps du récit est le même que le temps de l'histoire. Le spectateur a alors l'impression de vivre le moment en même temps que les personnages, puisqu'il n'y a aucune coupe, comme si l'on assistait vraiment à la scène. Tout comme Mariam, on assiste à ces scènes où la gravité de la situation n'a d'égal que notre impuissance face aux faits.
C'est avec ce super-réalisme et ce fondement sur des faits réels que Kaouther Ben Hania nous fait vivre une expérience marquante pour nous éveiller sur des problèmes sociaux tels que les agressions sexuelles et le manque de venue en aide aux victimes, qui sont malheureusement loin d'être des cas ponctuels.