C'est à la demande de Staline que Serguei M. Eisenstein s'attaqua à la vie de Ivan IV de Russie, surnommé Ivan le Terrible qui régna durant une quarantaine d'années au XVIème siècle en Russie et crée la dynastie des Tsar. Eisenstein décide d'en faire une trilogie mais le troisième film ne se fera jamais du à sa mort et le deuxième sera censuré pendant une dizaine d'années car Staline y voyait une critique de son règne.
Mais pas pour ce premier volet et c'est compréhensible, vu que Eisenstein met en avant l'autocratie et la dictature de Ivan capable de user de tous pouvoirs au nom et pour le peuple ainsi que pour l'unité de la Russie qui n'est pas une grande puissance à son arrivée au pouvoir.
Eisenstein montre dans cette première partie l'arrivée au pouvoir à sa majorité de Ivan à travers une brillante première scène de sacre, déjà révélatrice de la peur des boyards qui ne veulent pas perdre tous leurs privilèges et l'instauration d'un climat de complots face à un Ivan très ambitieux. Et la déroulement du film tourne autour de ca, de la montée en puissance de Ivan malgré quelques péripéties malheureuse pour lui avec cette lutte constante contre les boyards et quelques ambassadeurs étrangers mais Ivan a toujours avec lui quelques fidèles et surtout le peuple.
Eisenstein rend son récit passionnant de bout en bout où règne complot, manipulation, trahison plus ou moins intimes ou encore grandeur et ce grâce à un excellent scènario et des personnages très bien écrit à commencer par Ivan, son ascension et sa soif du pouvoir (au nom du peuple et de la Russie selon lui) ainsi que d'autres personnages comme les boyards et leurs chefs et les liens que les personnages auront entre eux.
De plus, la forme est remarquable, que ce soit par son jeu d'ombres et de lumières rappelant l’expressionnisme ou encore au niveau des (très) gros plan souvent sur les visages des protagonistes et montrant leur réaction et leur pensé à travers de simples regards et/ou gestes.
Les interprétations sont très bonnes, parfois proche du sur-jeu mais voulu et jamais ridicule et notamment Nikolaï Tcherkassov qui incarne à merveille le rôle de Ivan.
Une très belle œuvre, une première partie tant passionnante sur le fond que la forme.