Merde. Je vous ai raconté la fin.
Des conneries patriotiques, le Professore en a vu. Des tas, même. Mais comme Iwo Jima, jamais. À côté, L’Ouragan Vient de Navaronne, c’est du Jean-Luc Godard. Et Un Pont Trop Loin, c’est Téchiné.
Car Iwo Jima enchaîne les moments de bravoure, dans le mauvais sens du terme, chaque scène surpassant en ridicule la scène précédente, au bord de sa propre parodie. On est dans Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion ?, dont le héros, d’ailleurs, s’appelle Stryker. Et Stryker, ici, c’est John Wayne, le héros du film, sergent évidemment acariâtre, alcoolo, mais dans le fond, un bon gars.
Le pitch : des copains s’engagent dans les Marines, et tombent dans la section du sergent Stryker. Les voilà propulsés à l’entraînement, où l’on découvre l’habituel aréopage du film de guerre : le petit juif rigolo, les jumeaux bagarreurs du Midwest et l’antimilitariste qui s’est engagé dans l’armée parce que son père, colonel, l’a forcé. On découvrira au passage que Stryker est au bord du divorce, qu’il n’a pas vu son fils depuis longtemps et c’est pour ça – évidemment – qu’il est alcoolo.
Puis (enfin !), on attaque Tarawa, et Iwo Jima, ce qui permet à Allan Dwan de caser 1) les vraies images de l’assaut, ça coûte moins cher en figurants et 2) les soldats du fameux drapeau (Rene Gagnon, Ira Hayes, John Bradley) dans leur propre rôle. On restera pourtant très loin de Mémoires de nos Pères*.
Et là, bing, John Wayne se fait tuer. On lit la lettre de Stryker à son fils, et les autres gars pleurent. Même l’antimilitariste. Qui du coup, repique au truc : « La guerre n’est pas finie pour nous, les gars ! »…
Merde. Je vous ai raconté la fin.
*Le film date de 1949, c’est sa seule excuse. Et il fallait un film de propagande pour les Marines, qui menaçaient d’être dissous…