“J’accuse” est le titre d’un article rédigé par Emile Zola au cours de l’affaire Dreyfus et publié dans le journal “L’aurore” le 13 janvier 1898 sous la forme d’une lettre ouverte au Président de la République Félix Faure. En 1894, l’officier français juif d’état-major Alfred Dreyfus fût accusé à tort d’avoir livré des documents à l’Allemagne et condamné à l’emprisonnement à perpétuité sur l’île du Diable en Guyane française. Outré par ce verdict scandaleux, Zola n’hésita pas à intervenir en s’exposant personnellement à des poursuites en cour d’assises. 125 ans plus tard, le réalisateur Roman Polanski s’empare de l’affaire et met en scène une oeuvre poignante centrée sur le personnage du commandant Marie-Georges Picquart qui découvrit le réel espion de l’Allemagne, le commandant Ferdinand Walsin Esterhazy. Il comprend également que toute sa hiérarchie sait que Dreyfus est innocent. Malgré les pressions et menaces, Picquart va se battre pour rétablir la vérité. Au-delà de son aspect historique, le “J’accuse” de Polanski fait écho à sa propre vie. Accusé de violence sexuelle, le cinéaste voit en cette histoire la détermination à nier des faits et être condamné pour des choses qu’il n’a pas faite. Chacun sera libre de penser ce qu’il veut sur Polanski, mais personne ne pourra nier le fait qu’il fait partie des meilleurs réalisateurs de son temps. Il délivre ici un récit historique passionnant grâce à une maîtrise du suspense et des mots. Il s’entoure d’acteurs incroyables avec une mention à Jean Dujardin qui excelle dans la sobriété et la justesse. “J’accuse” est un film poignant et instructif.