Un des grands plaisirs de passionné de Cinéma consiste à être fidèle à un(e) artiste dont on affectionne énormément le talent. Que l'on mesure/apprécie d'un film, d'un personnage, d'un style à l'autre.

A l'époque de sortie de ce film, les fans de Nathalie Baye, actrice multi-facettes, avaient de quoi se dire gâtés. Après l'avoir adorée dans "Le retour de Martin Guerre" puis dans "La Balance" (César mérité de la Meilleure actrice !), ils pouvaient la retrouver dans un autre bon film où elle fait une nouvelle fois une composition admirable !

Elle est Hélène. Jeune femme prête à accoucher, mais que son compagnon abandonne lâchement. Désemparée, elle prend le premier train pour le Midi, le soleil. Le Destin lui sourit lors du voyage. Elle fait la connaissance de Patricia et de son mari. Coïncidence : les deux jeunes femmes sont à peu près du même âge et au même stade de grossesse. Mieux encore : Hélène se trouve dans la cabine de Patricia, essayant une de ses robes... quand le train déraille ! Quand elle reprend connaissance, à l'hôpital, elle apprend simultanément qu'elle est mère d'un petit garçon... et que tout le monde la prend pour Patricia. A commencer par ses "beaux-parents", qui n'avaient encore jamais vu la femme de leur fils aîné. Alors Hélène, jusqu'alors très meurtrie par la vie, cède à "La vérité si je mens", pardon ! Pour ces parents (sobre Guy Tréjean et émouvante Madeleine Robinson) qui se rattachent désespérément à elle et à son enfant. Et il y a Pierre (craquant Francis Huster), lui laissant entrevoir ce que peut être le véritable amour. Situation malgré tout assez pénible pour Hélène-Patricia, surtout quand des lettres anonymes dénonçant la substitution d'identité se manifestent !

Adaptation d'une oeuvre de William Irish, un maître du roman noir, "J'ai épousé une ombre" est un drame sentimental d'une poignante intensité, sur fond d'enivrants paysages viticoles du Bordelais. Loin des grands mélos hollywoodiens et tant mieux ! Mais l'émotion irradie et crève l'écran. Elle est remarquablement bien distillée : une mise en scène rigoureuse (la fin semblera trop fleur bleue à certains) ; des dialogues qui sonnent juste ; et surtout des interprètes qui jouent avec autant de sobriété que d'intensité.

Avec donc mention spéciale à Nathalie Baye, l'une des actrices les plus douées, audacieuses de sa génération, qui avec "J'ai épousé une ombre", scellait une très probable "union" avec le succès et ses fans !

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le 27 oct. 2024

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