"J'ai le droit de vivre" raconte l'histoire d'un malfrat qui après quelques menues condamnations sort de prison ; avec l'aide de sa fiancée et de son avocat, il tente de se réinsérer. Mais la société est cruelle et ne laisse que peu de chances aux ex-taulards.
Dès lors, la lune de miel entre Eddy Taylor (H. Fonda) et Jo (Silvia Sidney) va virer au cauchemar.
Le film est puissant et tragique. Le Destin est à l'œuvre.
Au début, le destin lie le couple de façon fusionnelle. Il faut voir cette magnifique scène où Eddy et Jo se retrouvent alors qu'Eddy vient d'être libéré. Chacun n'a d'yeux que pour l'autre au point qu'ils s'embrasent à travers les barreaux alors que la porte, ouverte, est à 2 mètres de là. La lune de miel à l'hôtel est superbement filmée, de façon très romantique avec une image très soignée. Le spectateur est subjugué par la douceur et la beauté de la scène. Le chant des grenouilles rappelle à Eddy l'histoire de la grenouille inconsolable de la perte de son compagnon et qui se laisse mourir. Et le cœur du spectateur se serre brusquement sur cette "fausse note" qui apparaît comme une menace. De là, le destin frappera inexorablement.
Sans vouloir raconter le film, nos deux héros vont alors descendre une spirale infernale sans issue.
A la fin, alors que Eddy et Jo sont traqués, alors que Eddy et Jo vivent en marge de la société, le Destin leur accorde un répit dont ils pourront profiter ensemble. Mais rapidement, la traque reprend jusqu'à la grandiose scène finale où Eddy et Jo se retrouvent définitivement. La grenouille ne survivra pas à la perte de son compagnon.
Le film est un réquisitoire contre la peine de mort et pour la présomption d'innocence. Mais pas seulement. Il stigmatise aussi l'impossible rédemption ou pardon des autres vis-à-vis de celui qui a, un jour fauté. Il est difficile dans notre société d'obtenir une seconde chance. C'est un thème cher à Fritz Lang qu'on retrouvera dans de nombreux films (L'invraisemblable vérité, Règlement de comptes, etc).