Critique initialement publiée sur CloneWeb.net
J’ai Perdu Mon Corps est la libre adaptation du bouquin “Happy Hand” de Guillaume Laurant, scénariste bien connu pour co-écrire les films de Jean-Pierre Jeunet avec le réalisateur. Réalisé par Jérémy Clapin, le long métrage est un pari pour le studio Xilam piloté par Marc du Pontavice et bien connu pour ses séries animées mignonnes telles que Zig & Sharko, les Zinzins de l’Espace ou encore le récent Moka. Si une sortie est prévue en salles en France pour novembre prochain, il sera visible ensuite facilement dans le monde entier puisque Netflix l’a acquis pour le reste de la planète. Une sage décision qui vient couronner le film le plus réussi de la compétition d’Annecy 2019.
Naoufel est un jeune homme venu du Maroc, livreur de pizzas à Paris il y a quelques années. Lors d’un accident, il a perdu sa main. Celle-ci se retrouve dans un laboratoire à l’autre bout de la capitale et se met à parcourir la ville en quête de son corps. En parallèle, on va découvrir comment l’accident est arrivé, à travers notamment une très belle relation entre Naoufel et la jeune Gabrielle.
Jérémy Clapin est assez fort pour qu’on se prenne instantanément d’affection pour cette main. En quelques péripéties, on frémit pour qu’elle ne se fasse pas emporter ou bouffer. La puissance évocatrice des images et le boulot fait sur son animation en font immédiatement un personnage à part entière. Le formidable travail sur les échelles et l’environnement à l’échelle de la main en rajoute une couche. Et la connexion se fait avec les flashbacks puisque cette main, même rattachée à son corps, est très souvent au centre des plans.
Ca pourrait être un simple enchainement de péripéties avec un membre de la famille Adams. Mais Clapin a bien d’autres choses à raconter, à commencer par une histoire d’amour assez folle. Les deux personnes impliquées font en effet connaissance à travers un interphone, quand Naoufel va pour livrer une pizza à Gabrielle. C’est déjà très mignon sur le principe, et la voix de Victoire du Bois donne envie de tomber amoureux mais le réalisateur en rajoute une couche puisque son héros aime les sons et les voix. Lui qui s’est retrouvé déboussolé par les drames de sa vie, et a rangé son magnétophone, retrouve bien grâce au son de la voix d’une jeune femme.
Alors, forcément, on se fait embarquer dans ce tourbillon d’émotions et d’action, de péripéties et de sentiments. L’animation est belle, la musique en parfaite adéquation avec les images. Et on ne peut que se réjouir de voir un studio français tenter l’aventure de l’animation pour adulte, sans aucun tabou. La fin, qui est suffisamment ouverte pour permettre à chacun sa propre interprétation, fera surement discuter et c’est tant mieux.
Le film repart, après avoir remporté le Grand Prix à la Semaine de la Critique à Cannes, avec le Prix du Public au Festival d’Annecy, ainsi que le Cristal -plus haute distinction du festival. Il est prévu pour le 6 novembre prochain dans les salles françaises et sur Netflix dans le reste du monde. Ce n’est que le début pour Jérémy Clapin.