Notre corps se souvient, notre corps mémorise nos douleurs, nos bons souvenirs. Et si nos membres avaient leur libre arbitre, s’ils pouvaient se mouvoir que se passerai-t’il ?
Jeremy Clapin explore cette idée en choisissant de centrer son film sur les errances d’une main accidentellement séparée de son hôte. Elle essayera tant bien que mal de le retrouver. Bien évidemment le film ne s’arrête pas à cette simple quête et vient questionner notre rapport à la vie et le sens de celle-ci.
La main donne le pouvoir, le pouvoir d’entreprendre. A la fois vecteur de sensation, de toucher. Le film propose une expérience sensorielle.
Il est intéressant de constater que notre curiosité, notre soif de découverte est
assouvie par ce sens. Lorsque l’on se retrouve fasse à quelque chose de nouveau, on cherche irrémédiablement à toucher, informer notre mémoire en y associant une sensation.
Clapin met le doigt sur ce fait, en exploitant ce rapport que nous entretenons avec la découverte de nos sensations. La scène du métro en est une démonstration évidente ou très vite la curiosité, laisse place à la douleur puis à la peur face à un nouvel obstacle rencontré « saloperie de rats ».
La musique de Dan Lévy vient sublimer ce film d’animation avec des sonorités synthétiques. Il a d’ailleurs été justement recompensé au César cette année.
« J’ai perdu mon corps » est un film sur nos quêtes, nos cheminements personnels. En suivant le parcours d’un jeune adolescent livreur, boulot aliénant. On se rend compte qu’ à cette époque de notre vie, on se sépare d’une partie de soi, cette perte de la main symbolise la perte de contrôle, la perte d’une insouciance adolescente.
Des errances, à la quête de sens il te faut te prendre en main, c’est ton destin.