J'ai éprouvé beaucoup de difficulté à rentrer dans ce film, bien qu'énormément d'aspects ont attiré mon attention. Comme mentionné par beaucoup de personnes, la réalisation est irréprochable. Le rythme de l'oeuvre ne désemplit pas, les différents plans s'enchaînent à la perfection et le choix de cadrages judicieux alimente l'oeuvre dans sa noirceur. Pourtant, toutes ces qualités ne m'ont pas permises d'entrer dans l'histoire et de ressentir la rencontre avec le diable. Je vais tenter d'expliquer les raisons de mon détachement.
Tout d'abord, le jeu d'acteur de Kim Soo-hyeon enferme son personnage dans un être difficilement accessible. Sa prestation est compréhensible, il vit pleinement sa vengeance et celle-ci le conduit à une détermination sans faille. Mais cela m'a rendu totalement hermétique au personnage. Le traitement donné à son rôle m'a fait oublier rapidement les raisons qui le poussaient à agir de la sorte. J'avais plus l'impression qu'il s'agissait d'un combat contre la folie, contre le diable, que pour la vengeance de l'être aimée.
Ensuite, le jeu de Kyung-Chul m'a également déçu. Dans la première partie du film, j'ai rencontré un personnage mystérieux qui tente cependant de cacher sa folie derrière un comportement qui feint d'être contrôlé. Un personnage qui dénote un certain charisme par une froideur qui, dans son cas, me laisse transparaître un être réellement diabolique. Une fois la rencontre entre les deux protagonistes passées, le diable devient le fou. Il perd complètement les pédales et devient la caricature que je craignais qu'il devienne. Pourtant, c'est peut-être là où le film m'a quand même plus, car il parvient à créer une dissonance entre les natures des deux protagonistes afin de douter sur qui a réellement rencontré le diable. Tout comme lorsque le chasseur devient le chassé et inversement.
Enfin, les scènes de violences ne m'ont pas touchée, au contraire, le côté absurde de celles-ci me freina totalement (notamment avec la scène du cannibale). J'ai eu l'impression que la dimension démesurément monstrueuse des actes de violence leur ôtait un caractère réel, enlevant par là même leur nature empirique. Ainsi, en tant que spectateur, j'ai vécu le même dégoût, mais sans émotion, entre la première mort que la dernière.
Voilà, "J'ai rencontré le diable" a été un bon divertissement, mais il ne répond pas selon moi au code du genre sur le thème de la vengeance.