Documentaire diffusé sur Canal + diffusé sur grand écran, il transpire le format télé. Bien sûr le message est identique, la thèse sur les racines tayloristes de notre société reste forte, mais le médium est pauvre, et sur un écran de cinéma, il parait terne, vieillot, inadapté.
Finalement, la faiblesse de la mise en image, handicape le fond. On voit des interviews se succéder, dire comme il est difficile de travailler aujourd'hui, comme on est maltraité, stressé, jeté comme des Kleenex... L'organisation scientifique du travail est devenu une force de soumission, de déshumanisation de l'économie. Mais ce sujet pas tout à fait neuf, même s'il devient socialement primordial, manque de corps. La démonstration est en déficit d'argumentation, alors que l'auteur semble autant critiquer la non reconnaissance des salariés par leur hiérarchie, que mépriser les employés qui ont intégré, jusqu'au maximum à Dassault, un "esprit d'entreprise". Aux études de cas, il manque une profonde théorisation des origines et des causes, entre culte de la performance, individualisation des comportements, financiarisation de l'économie et mondialisation des capitaux. Car sur les millions de la population active, que représente la tendance de fond illustrée par les interviewés ? Et quel intérêt d'avoir recours a ce cadre masqué par un écran d'ordinateur, plus ridicule qu'efficace, où d'en appeler immanquablement aux bourreaux nazis pour pointer l'horreur des méthodes managériales contemporaines ? Trois huit, Ressources humaines, Le Couperet et autres fictions sociales sur ce thème m'ont semblé apporter plus au sujet à travers du faux, que ce documentaire implacablement vrai...