Quel dommage de donner à cette révolution l'image de quelques hippies chevelus en mal de terres sous les ongles. La question d'une alternative à l'agriculture conventionnelle est essentielle, mais la question principale, sauf à penser que tout le monde redeviendra cultivateur-cueilleur, c'est de dépasser l'autosuffisance pour aller vers la production et la vente. Or, cette question est évacuée à la fin, après une heure de présentation de militants tournés vers eux mêmes. Cette question est illustrée par quelques images de la ferme du Bec-Hellouin, que le documentariste n'a pas pris le soin de filmer lui-même, comme si ces pionniers n'étaient pas dignes de figurer dans ce film car pas tout à fait dans la doxa permaculturelle.
Au lieu de faire œuvre de médiation et de conviction, comme Demain, ce documentaire se complait dans une forme de militantisme (peu d'arguments puisqu'on sait que c'est mieux) et de caricature (la nature plutôt que le musée ; tous formateurs et encore apprentis ; la totale autoconstruction / autonomie / autodidaxie).
La faible diffusion ne permet pas de croire que ce doc convertira plus que les initiés.