Œdipe adipeux.
Voir J’ai tué à ma mère après Mommy a tout de retour aux sources et d’un voyage dans le temps qui, s’il semble bref puisque le film n’a que 5 ans, est en réalité bien ample au regard de la carrière...
le 29 oct. 2014
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J'ai tué ma mère est un film terriblement bien écrit qui relate avec une précision choquante le quotidien mouvementé d'un ado lambda. Pour son premier film, Xavier Dolan réussit le pari de se différencier des autres "teen movies" en montrant un anti-héros gay et peu sur de lui: bien qu'il s'affirme face aux autres individualités qu'il côtoie on sent bien que les diverses critiques que lui adressent ses proches, autant son petit-ami que sa prof, le touche et le font se remettre en question.
Le pitch de base du film semble affreusement stéréotypé mais le film échappe miraculeusement à bon nombre de clichés: il évite le mélodrame ridicule car pathétique de la même manière qu’il évite le film sur la star du lycée, qui n'intéresse pas le spectateur moyen pour qui la situation du beau gosse semble chimérique et absurde de par sa perfection sur tout les plans.
Cependant si le film cherche à relater le mal-être d'un jeune adulte (peut-être autobiographique ?), il en devient parfois ridicule, en réalisant que je rigolais pendant une scène d'engueulade, une question m'est venue à l'esprit: "Les disputes ne sont-elles pas toutes drôles lorsqu'on prend assez de recul?" Loin de moi le relativisme absurde d’un joker cliché qui prend sa vie pour une comédie, mais ce rire provoqué par une mésentente montre combien les colères sont vaines autant qu’injustifiés, elles poussent les deux à la violence, l’une gifle l’un avant qu’il ne la pousse contre l’évier, et les mettent dans le flou comme le montre les plans sans focus sur le chemin, symbole du calme entre deux tempêtes.
On pourrait continuer la liste des lieux communs en disant que la colère nous fait dire des choses que l’on regrette mais dans ce film le protagoniste hait sa mère, c’est du moins ce qu’il prétend tout au long du film. « Prétend » car cette question reste non résolue pour le spectateur jusqu’à la fin du film: d’abord il se filme pour dire sans sourcilier qu’il n’aime pas sa mère puis il va la voir pour lui dire qu’il l’aime sous l’effet de la drogue (qui laisse supposer que c’est sa vraie nature qui s’exprime ¿), il avoue plus tard penser que sa mère ne l’aime pas réellement, dommage que le film tombe dans ce cliché puisque tout enfant arrête de penser cela à partir du collège mais soit. Cet amour n’est peut-être pas constant, en opposition avec celui de sa mère qui est inconditionnel lui, mais a le mérite d’être terriblement réaliste, pendant tout le film j’ai vu des passages de ma vie personnelle retranscrits et magnifiés par la mise en scène des conversations dans lesquelles les gens sont individualisés et isolés d’un côté de l’image montrant que le dialogue est rompu des deux côtés. Ainsi le plan final comprenant les deux parents côte a côte dans le même plan peut laisser imaginer une réconciliation.
Tout au long du film Dolan se prend très au sérieux et se croit unique. Comme tout les gens de son âge il se croit différent de par ses petites individualités et différences qui le marginalisent. (le fait que moi-même (c’est méta O_o), 17 ans lors de l'écriture de ce torchon, j'utilise la troisième personne pour désigner mes camarades illustre cette arrogance que je suis bien incapable de corriger) Ainsi, il se croit unique et ira même jusqu'à l'exprimer clairement dans une séquence terriblement stéréotypée marquée par un manque de subtilité qui sera cependant rattrapée par une scène de dispute entre la génitrice et sa progéniture très réaliste malgré les deux accents québécois très marqués qui passent, étonnamment, bien mieux que je ne l’aurais cru. Le film perd en crédibilité et sérieux ce qu’il gagne en rythme à partir de la seconde partie du film à partir du départ au pensionnat mais se rattrape à la scène finale très bien ficelée et magnifique.
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Créée
le 13 mai 2021
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