Xavier Dolan a 17 ans lorsque il écrit le scénario de son premier film, et 19 à peine lorsque il termine de le réaliser. Prodige ou nouveau produit dérivé du star system ? La question ne se pose même plus au terme de l'heure et demie que dure le film. A la fois derrière et devant la caméra, le québécois brille et irradie de sa lumière insolente, à la fois blafarde et divine.

J'ai tué ma mère nous raconte l'histoire de Hubert Minel qui comme bien des adolescents n'aime pas sa mère. Du haut de ses 17 ans, il la jauge avec mépris, ne voit que ses pulls ringards, sa décoration kitsch et les miettes de pain qui se logent à la commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Mais par dessus le marché, il ne supporte plus la manipulation, la culpabilisation ainsi que la protection rapprochée pratiquées par sa génitrice.

En partie autobiographique, l'auteur s'est inspiré de la relation vécue avec sa mère pour écrire son scénario : " C'est autobiographique dans le sens où j'ai moi-même eu une relation houleuse avec ma mère et que, maintenant que je vis seul, on s'est rapproché. Il y a eu un épisode adolescent de ma vie qui a été caractérisé par ma révolte contre ma mère et contre les différences abyssales qui nous divisaient." Et c'est avec hargne, haine, et pourtant avec passion que Xavier Dolan interprète ce rôle qu'il s'est taillé sur mesure, le tout en enveloppant son histoire d'une mise en scène travaillée et soignée, esthétiquement incroyable pour un réalisateur si jeune.

Et si les protagonistes s'entre-déchirent avec une violence rare de scène en scène, on ne peut s'empêcher de se dire : « ces deux-là s'aiment de tout leur coeur », mais voilà, trop d'amour semble tuer l'amour, et lorsque deux têtes de mules s'affrontent, les tentatives d'armistice tombent à l'eau dès l'instant ou elles naissent.

Il est a noter que la bande-son est elle aussi très bien choisie et revêt les images à merveille : Noir Désir, Crystal Castles, Vivaldi,...

La suite de la chronique sur : http://bit.ly/DolanTuéMaMère
Skynet_be
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Tanguy

Créée

le 13 févr. 2014

Critique lue 287 fois

1 j'aime

Skynet_be

Écrit par

Critique lue 287 fois

1

D'autres avis sur J'ai tué ma mère

J'ai tué ma mère
Sergent_Pepper
5

Œdipe adipeux.

Voir J’ai tué à ma mère après Mommy a tout de retour aux sources et d’un voyage dans le temps qui, s’il semble bref puisque le film n’a que 5 ans, est en réalité bien ample au regard de la carrière...

le 29 oct. 2014

85 j'aime

11

J'ai tué ma mère
DjeeVanCleef
3

Tiguidou !

« Hubert se ronge les ongles et fait des manières » Bon, je sais que je vais encore passer pour un vieux con. J'ai l'habitude et je crois, pour te dire la vérité, que j'aime ça. Mon problème, pour...

le 12 juil. 2014

66 j'aime

14

J'ai tué ma mère
eloch
9

"Faudrait pouvoir se tuer idéalement dans nos têtes puis renaître après"

"C'est ça qui fait qu'ils deviennent fous. La tension est inévitable. Ils ne sont jamais dans le quotidien de la passion. Ce n'est pas vivable, jamais, un amour pareil... il n'y a que la mort qui...

le 3 janv. 2013

49 j'aime

4

Du même critique

La Tendresse
Skynet_be
7

La tendresse au quotidien

Lundi 14 octobre dernier s’est tenue une séance de cinéma particulière à l’espace Flagey. Il s’agissait en effet de l’avant-première du nouveau film de la réalisatrice belge Marion Hänsel (No Man’s...

le 4 mars 2014

1 j'aime

Deadwood
Skynet_be
8

Dans l'enfer truculent du Far West

Jamais je n’aurais cru que je supporterais des histoires de gros durs au Far West. Et cependant, dès les premiers dialogues, Dead Wood m’a scotchée. Quelle verdeur, quelle âpreté ! Cette série haute...

le 20 févr. 2014

1 j'aime

House of Cards
Skynet_be
9

Un couple (presque) parfait

La politique-fiction m’excite, quand elle est rondement menée. Comme un bon thriller. Intrigues, stratagèmes, jeux de massacres et de soumission. Et s’il s’agit, en plus, d’une affaire de couple,...

le 20 févr. 2014

1 j'aime