Forts du témoignage unique et inédit de l'assassin du moine Raspoutine, le comte Youssoupoff en personne, interviewé au début du film, Robert Hossein et Alain Decaux prétendent rétablir la vérité sur un incident de l'Histoire russe qui, peut-être, a précipité la chute du Tsar.
Sur le mode slave, authentique ou non -peu importe au regard des faiblesses multiples de la mise en scène- le film est donc le récit d'un complot. Celui fomenté contre le fameux Raspoutine, moine mystique dont l'influence grandissante auprès de Nicolas II a fait de lui une sorte de premier ministre occulte et lui a valu autant de haine que d'admiration, parfois chez une même personne. Ainsi que pour son assassin.
Le portrait de Raspoutine est hélas superficiel, tant politiquement qu'humainement. C'est l'insuffisance rédhibitoire du film que de ne pas avoir su justifier ou expliquer les sentiments contrastés qu'inspire le personnage. Figure massive et "ogresque", en vertu de la composition qu'en fait Gert Froebe, Raspoutine n'en impose guère que physiquement dans une mise en scène plutôt stérile et dramatiquement pauvre. Qu'on en juge par les dernières scènes, celles où Raspoutine est menacé d'être emprisonné par son hôte Youssoupoff.
Goûtera-t-il les gâteaux empoisonnés? S'assoira-t-il à la bonne place (la mauvaise pour lui...)?
Le personnage méritait sans doute un traitement et un suspense un peu moins communs.
Et puis, il y a ce casting international qui ne dispose pas à une interprétation homogène.