J'aime regarder les filles par NicoBax
Surprenant ! Un cinéma anachronique, emprunt de poésie et de mélancolie, un hommage à la fin de l'insouciance sociale, aux amours romantiques et romanesques et une petite revanche façon lutte des classes, le tout en 2011, c'est pour le moins surprenant.
1981. Mitterrand a réussi à faire croire qu'il était de gauche et à faire naître un espoir sincère auprès d'une France qu'on n'appelle pas encore "d'en bas" mais aussi la peur chez les plus aisés qui craignent le défilé des chars soviétiques Place de l'Etoile.
Primo (Pierre Niney) est provincial et fils de fleuriste. Parti à la capitale pour passer son bac, ce doux et sensible rêveur finira par se laisser griser par Paris et sa vie. Voisin de chambre de Malik (Ali Marhyar), un jeune maghrébin plein d'espoir avec qui il partage quelques boulots d'esclave, il tombe amoureux d'une fille de très bonne famille qui le lui rend bien. Il rencontre donc son groupe d'amis, des merdeux qui font des soirées "grands crus et fromage" ou qui regardent des films italiens en VHS (nous sommes en 1981). Primo décide alors de mentir et de faire croire qu'il appartient à leur milieu, pendant que parallèlement son amitié avec le sincère et entier Malik se développe.
Il y a beaucoup de tendresse dans ce film : l'amour pour Gabrielle, celui de Delphine, la fidélité de Malik, les attentions du père de Delphine... Mais pas que. La famille de Primo est bien loin des idéaux romanesques du petit dernier, chaque repas de famille est une torture. Gabrielle se comporte comme on le lui a appris et comme son milieu semble le lui dicter. Ses amis ne manquent pas une occasion de le rabaisser... Mais il y a Delphine (Audrey Bastien). Dès sa première apparition, on sait que cette petite brune piquante aux idées gauchistes sera la planche de salut de Primo, si sa passion pour Gabrielle ne détruit pas vraiment tout avant (études, famille, amitié, amour)...
Assez "intello", témoignage d'une époque où on savait encore ce que germanopratine signifiait et terriblement romantico-romanesque, "J'aime regarder les filles" est une bonne surprise. Un très joli film plein de sentiments et d'espoirs plus ou moins déçus mais qui a gardé une certaine fraîcheur nostalgique dans le regard.