Dans une banlieue résidentielle, une poignée de personnages retient l'attention de Jérôme Bonnell. Ils ont en commun une certaine lassitude ou solitude et , sans en avoir forcément conscience, d' "attendre quelqu'un" ou quelque chose. Le patron d'un bistrot, jovial et lubrique, et sa prostituée d'élection (Florence Loiret-Caille, une sacrée présence), un couple dont la femme s'ennuie, un jeune homme tourmenté de retour en ville sont les personages centraux d'une chronique de la vie ordinaire dont le café de Louis est le décor récurrent, sinon prépondérant.
Le film est symptomatique d'un certain cinéma français aux sujets malingres et figés, dédaignant de raconter une histoire au motif qu'il porte un intérêt exclusif à des personnages dont le profil socio-psychologique est la seule raison d'être mais ne se suffit pas constamment à lui-même. C'est pourquoi ça sonne parfois creux en dépit que le film réserve à la fin des séquences émouvantes. Cette relative vacuité s'explique aussi par l'absence de style et de perspectives. Les protagonistes semblent manquer de matière et de singularité, notamment dans des scènes, des plans et gros plans un peu emphatiques, qui n'ont pas la profondeur ou la sincérité que le réalisateur leur suppose.