Fuyant la ville suite au meurtre de sa mère castratrice, Aden notre cher protagoniste rencontre dans le désert un être étrange nommé Marvel, se liant d'amitié avec lui, il décide de lui présenter notre adorable vie civilisée.

Utilisant un procédé peu novateur mais habituellement diablement efficace, Arrabal se sert de cet être complètement étranger à toute notion culturelle pour nous faire montrer notre monde via un regard innocent et non aliéné par les habitudes sociétales. Le tout baigne dans une ambiance psychédélique créative et qui ne s'interdit rien, rappelant le réalisme magique littéraire et quelques grands noms du cinéma surréaliste, Jodorowsky et Bunuel en tête. C'est clairement le genre d'originalité cinématographique qui pourrait me plaire mais là je suis bien désolé de dire que c'est beaucoup trop mauvais.

Le principal défaut du film est Marvel, ce génie de petite taille s'avère tout à fait insupportable de niaiserie et donne à tout le film un propos trop simpliste qui fait trop souvent bien plus que flirter avec le ridicule. En témoigne la scène où il pleure en apprenant que l'on mange des animaux ou celle où il demande si l'argent peut acheter le bonheur - ouais il y a du bon malaise là. Comme si cela ne suffisait pas il est insupportable d'incivilité et gênant au possible dans chacune de ses actions, avoir ce personnage comme vecteur de vision n'est clairement pas propice à la critique de la société capitaliste que ce film nous propose. Trop sauvage et finalement trop con pour être appréciable, Marvel fait par contraste passer le monde de la ville pour plutôt cool - alors peut être que c'est ça le message du film mais j'en doute - et m'a clairement fait me dire que ce n'est quand même pas trop mal d'avoir quelques règles dans notre société si cela nous évite d'avoir son comportement. "Dans un monde fou, seuls les fous sont sains d'esprit", aiment nous rappeler les gens qui ont une photo de profil Facebook du Joker, mais ici le fou est juste complètement demeuré, faisant passer l'idiot de Dostoiesvki pour un prix Nobel, il rend le film trop manichéen et ridicule. Bon après il nous est introduit bouffant du sable ce qui en dit long.

Ces passages mettant en scène Marvel contrastent avec la crudité trash de ceux nous montrant les traumatismes d'enfance du héros qui si elles sont un peu moins enfantines ne sont pas pour autant transcendantes. Dansant sur ces deux pieds peu conciliables et ne suivant pas de trame scénaristique claire, l'ensemble du film souffre d'un terrible manque de rythme dont une bonne partie est sans doute à imputer au jeu des acteurs. Il faudrait leur rappeler que jouer dans un film surréaliste n'est pas une excuse pour très mal jouer, cette triste constante se confirme ici de manière implacable.

J'irai comme un cheval fou n'est pourtant pas un film dénué d'intérêt, nous montrant une double vision périphérique de notre société via deux inadaptés : le premier sauvage et le deuxième traumatisé, mais sa vision trop simpliste et enfantine associée à une réalisation manquant de transcendance vient rapidement détruire l'intérêt que pouvait apporter l'originalité de sa démarche. Sorte de Jodorowsky du pauvre made in France, J'irai comme un cheval fou ne parvient pas à égaler la puissance onirique des visions du réalisateur chilien, ni leur mise en place d'un imaginaire mystérieux et captivant, laissant plutôt une impression de gène intense que de fascination.

arthurdegz
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le 23 juil. 2023

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