Raphaël,restaurateur un peu dépressif,raconte à son psy qu'il a une liaison avec Carla,une femme mariée.Ce qu'il ignore,c'est que Paul,son thérapeute,est l'époux de Carla.Ce dernier,découvrant ainsi son infortune,va mettre à profit les confidences de son patient et le manipuler pour tenter de sauver son couple et de saboter la relation adultère de sa femme.Nous sommes là dans la comédie française de bas étage.Scénario faible,rythme poussif,argument de vaudeville usé avec femme,amant et mari cocu,qui sont d'ailleurs les seuls personnages du film,de quoi déprimer le spectateur même s'il n'est pas trop exigeant.Il y a bien l'originalité de situer l'histoire dans le cadre de la relation psychanalytique médecin-patient,mais on a la légère impression que le réalisateur et scénariste Bernard Jeanjean est un petit copieur qui s'est largement inspiré de "Confidences trop intimes" de Patrice Leconte,et de "Petites confidences à ma psy",de Ben Younger,sortis respectivement en 2004 et 2005,donc pas longtemps avant "J'veux pas que tu t'en ailles".Le film carbure en plus aux coïncidences énormes et aux hasards incroyables,tout en bafouant la logique.Raphaël choisit comme psy le mari de sa maîtresse,Paul emmène Carla diner pile dans le restau de son rival. Pourquoi la fille cache-t-elle à son amant que son mari est psy?Pourquoi ne tique-t-elle pas quand Raphaël lui avoue suivre une thérapie?Tout ça aurait peut-être pu donner une honnête pièce de théâtre mais ne nécessitait sûrement pas de déplacer des caméras dans la région Rhône-Alpes,qui participe à la production.On peut cependant sauver la vision caustique de la psychanalyse ici développée.En effet,est-il bien raisonnable d'aller déballer son intimité à un parfait inconnu,fût-il diplômé?On touche là aux limites de ce genre de thérapies,quand le médecin peut avoir un intérêt personnel à modifier le comportement de son patient.Face à cette situation,Paul oublie vite toute déontologie et devient un simple jaloux manipulateur.Ses manigances,puis celles de Raphaël quand il lui rend la monnaie de sa pièce,donnent lieu à quelques trop rares moments amusants.Un truc qui cloche bien,c'est la différence d'âge entre Richard Berry,57 ans à l'époque,et sa supposée épouse Judith Godrèche,âgée alors de 35 ans,soit 22 ans d'écart.Tout est possible,mais ça fait beaucoup,et les deux comédiens pourraient facilement interpréter un père et sa fille.Il est vrai que cette anomalie s'explique très bien par des raisons budgétaires.Pour jouer une femme adultère crédible,il fallait une actrice relativement appétissante,donc plutôt jeune.Mais la prod avait besoin dans le rôle principal d'un acteur un minimum bankable,et sans doute pas les moyens de s'offrir un Dujardin,un Dany Boon,un Dubosc ou un Poelvoorde,surtout qu'en plus Dany est l'ex de Judith.Dans ce contexte économique limité,Berry constituait une solution parfaite.Assez connu pour faire bien sur l'affiche et attirer le chaland,assez dévalué compte tenu de son âge pour demander un cachet accessible.Parce que le cinéma,même le mauvais, ça coûte du blé,et la région Rhône-Alpes a beau aimer dilapider l'argent de ses contribuables en produisant des navets,elle avait sans doute d'autres projets culturels d'envergure à financer,du style expo sur la Place Bellecour de l'oeuvre d'un plasticien transgenre irako-chilien,avec son installation de merdes de chiens sculptées en forme de bites.Berry et Julien Boisselier effectuent de très jolis numéros en mâles se disputant une gonzesse à coups de manoeuvres vicieuses.Judith Godrèche est très belle mais joue aussi très faux et arbore hélas son éternel air hébété.