Le soucis d'une chambre dérangée
Il est difficile de se faire un avis honnête sur Jan Svankmajer. Le personnage témoigne d'une imagination de génie ; d'autant plus que la réalisation suit sans problèmes. Les idées d'animations sont aussi variées que tordues, et le tout se met en scène dans un théâtre de l'absurde ; où plutôt, de la folie. Dès lors, l'oeuvre de Jan Svankmajer s'inscrit parfaitement dans le surréalisme.
Mais selon moi, le surréalisme, au cinéma, est bien plus intéressant en tant que moyen qu'en tant que fin.
En tant que moyen, le surréalisme nous offre la psyché de son auteur ; quelque chose de très personnel de la part de l'auteur puisqu'il nous offre son imagination à l'état pur. Dès lors, il n'est pas facile de trouver sa place dans cette forme d'exhibition. L'avantage de la peinture surréaliste par rapport au cinéma, c'est qu'il se maintient à une seule image sur laquelle le spectateur aura tout loisir de réfléchir, d'analyser. Au cinéma, le surréalisme nécessite une attention effrénée si l'on veut comprendre le message de l'artiste.
Certains artistes ont su utiliser leur imaginaire en tant que moyen ; je prends un exemple-phare comme Miaazaki ; ses univers sont parfois incroyables et peuplés de créatures aux codes bien différents. Et pourtant le public adore car justement Miaazaki prends soin de nous guider, de nous faire voyager dans son labyrinthe de surréalisme (à cette image, dans Jabberwocky, on nous laisse nous perdre et on nous envoie un chat à la tronche en punition).
Pour conclure, disons que je suis presque un peu déçu que Jan Svankmajer préfère ne pas guider son spectateur. Certains diraient que ça tuerait quelque peu la personnalité de l'oeuvre ; Svankmajer serait un "vendu" ; je ne pense pas que ça serait le cas. Cela permettrait à ce que l'on découvre cet artiste autrement que par Burton ou Gilliam.