Pour une raison qui m’échappe, le visuel de l’affiche du film m’a longtemps accompagné, accroché dans un coin de ma caboche sans savoir d’où il provenait. Peut-être l’avais-je vu dans la devanture du vidéo-clip de ma ville, peut-être une publicité dans une revue, je ne sais pas, et je ne saurais probablement jamais. J’ai longtemps attendu avant de donner des images plus concrètes autour de ce souvenir, en regardant enfin le film en question.
Première surprise, alors que l’affiche me promettait un bonhomme de neige humanisé, ce n’est pas le cas dans le film, la créature en question est bien moins effrayante. Deuxièmement, c’est assez bon, à condition de l’avaler avec le second degré attendu.
Jack Frost est un dangereux criminel, un serial-killeur dérangé, heureusement arrêté par le shérif Sam. Malheureusement, lors de son transfert, Jack subit un accident qui le tue mais le fait revivre sous la forme d’un bonhomme de neige, tout autant psychopathe. Bien décidé à se venger de Sam, il va s’en prendre à son entourage et à ses voisins.
Jack Frost est un film d’horreur comme on n’en faisait plus, à une époque où Scream peu de temps auparavant avait relancé une nouvelle vague du slasher. Jack Frost lui c’est plutôt l’école du film avec une idée improbable, ici un bonhomme de neige tueur. Si d’autres films tenteraient malgré tout de faire croire à l’horreur de leur film, celui de Michael Cooney s’en moque un peu, malgré quelques effets spéciaux un peu traumatisants pour les plus jeunes. Le ton du film vire franchement à la grosse rigolade, c'est une série un peu B qui demande pleinement à être vue au second degré.
Nous parlons d’une créature en neige tueuse, ne l’oublions pas, qu’on pourra ainsi découvrir les yeux amusés conduire une voiture ou fumer une pipe. Et bien sûr tuer quelques personnes en usant les possibilités de ce contexte hivernal, à l’image de ce jeune arrogant la tête tranchée par une luge ou de sa mère crucifiée sur le sapin. Ce tueur a aussi de belles répliques grandiloquentes dans sa hotte, comme après avoir introduit une hache dans la bouche d’une victime : « c’est pas beau de fumer trop de hache ». C'est délicieusement navrant. Le film concourt même avec Batman & Robin pour le titre des plus mauvaises blagues autour du froid, mais Batou est encore à un autre niveau.
Tout le film est d’une décontraction pleinement assumée. Même les acteurs sonnent juste, avec ce qu’il faut d’exagération pour se fondre dans l’ambiance du film. Le montage est un peu trop haché, et les plans un peu trop centrés, mais ça se regarde bien, et la photographie est assez appréciable. Malgré son statut de série B, en direct-to-video, avec un petit budget qu’on perçoit de temps à autres, la forme est plaisante, respectueuse, ce n’est pas fait à l’improvisation.
Était-ce un signe ? Cette affiche vue enfant. Ce film qui correspond parfaitement au côté obscur de ma cinéphilie adulte, cet amour du bis. C’est une rencontre qui a attendu 20 ans pour se faire, mais que je ne regrette pas. Jack Frost est un film bête et jouissif, une comédie horrifique qui n’a pas froid aux yeux.
« Quelle est la différence entre un bonhomme et une bonne femme des neiges ? Les boules. »