Le retour de Tom Cruise, la venue de Jack Reacher !
Tom Cruise peut remercier Mission : Impossible – Protocole Fantôme. Alors que l’acteur d’un temps (Top Gun, Rain Man, Risky Business, Mission : Impossible, Minority Report…) avait littéralement perdu de vue son public et le monde même du cinéma, enchaînant les échecs commerciaux (Walkyrie) et critiques (Night and Day) pour finir avec des seconds rôles (le tout de même mythique producteur Les Grossman dans Tonnerre sous les Tropiques). Le quatrième opus des aventures d’Ethan Hunt a sonné sa renaissance. Et après un passage jubilatoire en rock star (Rock Forever), c’est devant la caméra de Christopher McQuarrie (scénariste d’Usual Suspects) que l’acteur poursuit sa remontée professionnelle. En espérant que Jack Reacher soit à la hauteur de cette rampe miraculeuse ! (Quelques spoilers !!)
Jack Reacher, un ancien MP, est appelé à la rescousse par un ancien soldat sniper, James Barr, arrêté pour le meurtre au fusil de cinq personnes qui n'ont apparemment aucun lien entre elles... Helen Rodin, brillante avocate et accessoirement fille du procureur, est chargée de la défense de Barr. Elle et Jack, qui sont pourtant loin d'avoir les mêmes motivations, vont s'associer afin de découvrir, à eux deux, la vérité.
Un mec solitaire blasé aux méthodes d’investigation dignes de l’inspecteur Harry, une jeune femme idéaliste avec qui il doit collaborer, un règlement de compte final 1000 fois vu… Tout dans Jack Reacher ne semble qu’être que pure fainéantise. Surtout de la part du scénariste d’Usual Suspects. Classique avez-vous dit ? C’est que vous n’avez pas vu Jack Reacher sur toutes les coutures ! Même si le film use de certains clichés et une fin peu novatrice, le scénario ne fait pourtant que sortir des sentiers battus, grâce à un second degré bienvenu ! De par des répliques bien senties et des situations flirtant avec le comique, nous nous retrouvons avec un pur thriller à l’ancienne (et non film d’action comme il été pressenti), servi par une enquête vraiment entraînante et travaillée en compagnie de séquences mémorables (le règlement de compte final, la baston avec un groupe de 5 mecs, Reacher se cachant dans la foule après la course-poursuite…), contournant ces fameux clichés que l’on préfèrerait éviter avec ce genre de film (Reacher raccrochant au nez du tueur, l’intervention hilarante de Duval…). Bref, Jack Reacher est un véritable plaisir à suivre en ces temps où règnent sans cesse des blockbusters d’action sans imagination.
Là où le film de McQuarrie évite les clichés, c’est également par le biais de la mise en scène. Montage de clip qui enchaîne les fusillades, bastons et autres courses-poursuites à la vitesse de la lumière, avec des plans filmés de manière « rapide », comme tout bon Michael Bay et consorts qui se respectent ? Et bien non, la mise en scène de Jack Reacher se rapprocherait bien plus de celle de Drive. Oui, vous avez bien lu ! Pas d’explosions, d’envolées symphoniques ou bien de montages épileptiques, ici, tout est posé ! Majorité des scènes sans musique, beaucoup de longueurs, ambiance assez pesante par moment… Du fait que ceux qui ont été frustrés par Drive le seront certainement avec Jack Reacher (version blockbuster du film de Refn, si l’on pousse la comparaison jusqu’au bout). Mise en scène donc inédite dans ce genre de divertissement, complétée par quelques plans/séquences qui évitent (également) les clichés. Comme celui où la caméra prend son temps à nous faire découvrir l’interlocuteur de Rodin en tournant sur elle-même. Ou encore celle-ci se croyant suivi alors qu’il n’y a rien. Et le plus majestueux, la course-poursuite, filmée à hauteur de voiture, offrant des angles jamais vues dans ce genre de séquences, augmentant ainsi les sensations et l’adrénaline (un fait aidé par le bruitage motorisé de la Camaro).
Et puis, Jack Reacher confirme que Tom Cruise peut être également bon acteur. Alors qu’il peut se montrer un rien bancal dans ses prestations précédentes (dont les Mission : Impossible), il use ici du second degré du film pour améliorer son jeu et rendre son personnage au combien charismatique de part des regards bien placés, un phrasé bien senti, une dégaine inoubliable. Tout en gardant son statut d’acteur de films d’action grâce à des séquences de baston rudement bien chorégraphiés et le fait que l’acteur est lui-même conduit la Camaro durant la course-poursuite (d’ailleurs, la mise en scène le prouve). De quoi nous faire fantasmer d’en faire autant à 50 ans !
S’il n’est certes pas le film de l’année, Jack Reacher peut se vanter de figurer dans la liste des blockbusters les plus mémorables de 2012. Pas par sa promos, mais plutôt pour son côté divertissement qu’il assume pleinement et le partage sans pudeur, avec originalité et classicisme. Apportant un nouveau plus à la carrière récemment déclinante de Tom Cruise, redorant ainsi sa vie professionnelle !
