Taken, John Wick, Equalizer, le vigilante movie ou film de justicier, a fait un retour tonitruant au cinéma depuis quelques temps. Amis bourrins en mal d’adrénaline, une nouvelle franchise de vigilante movie débarque : Jack Reacher. Réalisé par Christopher McQuarrie, ce thriller d’action sombre voit l’acteur Tom Cruise se glisser dans la peau d’un ancien policier militaire devenu justicier à plein temps…
Nouvelle série de livres adaptée en films
Tout comme la franchise des James Bond ou des Jason Bourne, Jack Reacher c’est avant tout une série de romans publiés par Lee Child depuis 1997. Jack Reacher, c’est un héros bien particulier. Dans toutes les autres séries policières, notre héros a un boulot (détective, policier, qu’importe) situé dans une ville bien spécifique. Ce qui fait la distingue Reacher des autres héros, c’est qu’il n’a aucun lien avec qui que ce soit, quoi que ce soit. Pas d’amis, pas de famille, pas de domicile fixe, pas de boulot, pas de permis de conduire, pas de carte de crédit, pas d’adresse mail, pas de ville d’attache, Jack est un fantôme. Il a un passé, il a des compétences acquises lors de son passé mais coté engagement, c’est le calme plat. Il va n’importe où, vit où il veut, fait ce qu’il veut. De quoi offrir aux lecteurs une série de livres qui ne se répète pas à ce, malgré le fait que plus d’une quinzaine de tomes soient sortis depuis 1997. Au niveau de son passé, Jack Reacher est un citoyen Américain ayant servi dans l’armée américaine. Dans notre film (plutôt sa suite intitulée Never go back), et même dans les livres, il n’évoquera que quelques souvenirs de son enfance et de sa vie d’adulte. Tout le reste, concerne ses devoirs en tant que militaire. Il a une vision bien à lui de ce que représente la vie.
On ne sait pas pour quelles raisons il a cessé d’être policier militaire. Et c’est là tout l’intérêt de ce personnage devenu une sorte de chevalier des temps moderne errant de villes en villes, arrivant toujours au bon moment pour offrir son aide à ceux qui sont en danger, résoudre le problème et s’en aller en plein soleil couchant tel un cow boy. Ici, pas question de calquer notre histoire sur Equalizer. Dans ce premier opus de Jack Reacher, il est question d’une enquête policière impliquant un ancien militaire. Militaire que Jack semble connaitre. Bien qu’il est un coté froid, sombre aux méthodes efficaces, cet homme essaie toujours d’éviter les ennuis. Il ne cherche pas les ennuis, c’est visiblement les ennuis qui le cherche. Néanmoins quand il y a un problème, il ne peut pas se défiler et il va jusqu’au bout, laissant toujours une chance à son ou ses assaillants. Ou vous dégagez, ou vous allez le regretter. Et oui, comme tant d’autres avant lui, Jack Reacher est ce genre de personnage ayant en horreur l’injustice et bottant le popotin de ceux qui ne respectent pas les règles.
« Comment va-t-on trouver ce Reacher ? Manifestement, on ne le trouve
pas s’il ne veut pas qu’on le trouve. Excusez-moi monsieur, il y a un
certain Jack Reacher qui veut vous voir ».
Ce justicier fantôme qui utilisait ses muscles et son cerveau
Tom Cruise dans une nouvelle franchise de films d’action. Difficile de ne pas comparer cette série de films à la franchise Mission Impossible. Et pourtant, ces deux franchises n’ont strictement rien à voir si ce n’est leur personnage principal. Dès la séquence d’ouverture, c’est dans un tout autre monde que nous évoluons. Oppressante, angoissante, cette introduction penche vers du pur polar noir. Le travail sur la mise en scène, le travail sur la composition de la musique, cette violence redoutable, ce suspense pesant, Jack Reacher est proche de ce qu’ont pu nous offrir des réalisateurs comme David Lynch ou bien le grand Alfred Hitchcock. Du scénario imprévisible, surprenant de minutes en minutes.
Jack Reacher, ce n’est pas que castagnes et courses poursuites, c’est aussi un thriller palpitant, à la mise en scène soignée. Longtemps que l’on n’avait pas vu un film de cette trempe. C’est d’ailleurs la première fois qu’on est face à un film aux faux airs de film bourrin, au scénario complexe. Comme quoi, quand les scénaristes s’en donnent les moyens, ils peuvent nous offrir des perles. Ai-je besoin de mentionner que pour qu’un film soit excellent, il faut qu’il comporte un casting d’acteurs et actrices charismatiques ? Franchement, à quoi pouvions nous nous attendre avec Tom Cruise en tête d’affiche ? L’acteur remet le couvert, toujours aussi sympathique, entouré d’acteurs et d’actrices tout autant formidables.
Rosamund Pike en charmante avocate ambitieuse un brin froide (et non pas question de romance avec un personnage qui devra partir à la fin de l’histoire) dont la relation avec le personnage interprété par Richard Jenkins est intéressante sans empiéter sur l’intrigue, Jai Courtney impressionnant physiquement et imposant niveau charisme, Robert Duvall roi de la gâchette (petit rôle pour l’acteur du Parrain partie 1 et 2), David Oyelowo en inspecteur prenant très à cœur son job et qui créé une légère rivalité vis-à-vis de Reacher , Werner Herzog en bad guy flippant même sans parler et que l’on pourrait facilement retrouver dans un James Bond. Que rêver de plus ?
Tom Cruise s’éloigne complètement de son personnage d’Ethan Hunt, se glissant dans la peau d’un personnage cool et bad ass en même temps. Très peu d’action mais quand il y en a, c’est bien mené et c’est jubilatoire au possible. C’est pourquoi ce film n’est pas à ranger dans le rayon films d’action.
Sa répartie et ses répliques sont savoureuses, sa personnalité sombre et mystérieuse titillent notre curiosité, Tom Cruise prouve une fois de plus qu’il n’est pas que meilleur en exécutant lui-même toutes les cascades de ces films. Bien que son personnage soit une petite brute tourmentée pas très souriante, il n’est pas réduit qu’à ses attributs physiques. C’est aussi un homme à l’esprit caustique, extrêmement intelligent et à la psychologie bien plus profonde qu’elle n’y parait. Contrairement aux films traditionnels, Jack Reacher n’évoluera pas au fil de l’histoire, il sait ce qu’il doit faire et il sait où il doit aller. On se délecte de la manière dont le personnage pense, traite les informations. Bien sûr, on se délectera aussi de ses méthodes expéditives. De quoi faire de la concurrence à un certain Inspecteur Harry. Jack Reacher ne craint rien ni personne. Mieux vaut ne pas se frotter à lui sous peine de ressortir de la bataille : handicapé.
« Maintenant regardes tes potes, et regardes mon visage. Est-ce que tu
as envie de me revoir un jour ? »
Au final, rebondissements multiples, photographie et chorégraphies soignées, jeux de caméra délicieux (la scène de course poursuite nocturne filmée coté conducteur est à couper le souffle), musiques de thriller angoissantes, ambiance sombre et glaçante aux allures de blockbuster, le tout ponctué par de l’humour hilarant juste quand il faut histoire de ravoir une bouffée d’oxygène, Jack Reacher c’est la claque du moment, un thriller explosif aussi bad ass que cool, un petit joyau à découvrir le plus tôt possible sinon...