Jacky Caillou n'a pas usurpé sa place dans la sélection de l'Acid pour l'édition cannoise 2022. Ce conte, tourné en grande partie dans la région du Verdon, se révèle plutôt original, avec un virage inattendu, dans le registre du film forestier, et forcément inquiétant, déjà traité dernièrement par un jeune cinéma français qui n'hésite plus à s'aérer, loin de ses sempiternels récits urbains. Le héros est le petit-fils d'une magnétiseuse qui s'interroge sur ses propres dons alors qu'un loup rôde dans les alentours. L'occasion pour le réalisateur de Jacky Caillou d'ancrer profondément son intrigue dans un terroir riche en gueules authentiques (les acteurs non-professionnels sont nombreux) et d'y ajouter une touche fantastique, avec un animal toujours mythique, qui a nourri moult fables plus ou moins fantasmées dans notre patrimoine culturel. Dans son paysage-écrin, le film progresse avec fluidité, sans céder outre mesure aux impératifs pressés du suspense. Que manque t-il à Jacky Caillou pour toucher à l'excellence ? Peut-être davantage d'assurance dans la mise en scène de Lucas Delangle (c'est une première œuvre et cela se voit un peu) et une direction d'acteurs un peu moins lâche, même si les deux personnages principaux sont interprétés avec justesse par Thomas Parigi et Edwige Blondeau.