Dans la lumière claire et franche et les escarpements grandioses des Alpes de Haute-Provence, vivent Thomas, alias Jacky, Caillou (Thomas Parigi), sa grand-mère, magnétiseuse réputée (Edwige Blondiau, déjà présente en 2017 dans la réalisation précédente de Lucas Delangle, le moyen-métrage documentaire « Du Rouge au Front »), des agriculteurs, des éleveurs de brebis, des gendarmes bien isolés… Armé de son micro enregistreur parabolique, Jacky recueille toutes sortes de bruits et de sons naturels, afin de les intégrer à des compositions musicales douces et organiques, éloignées des autoroutes de la variété. Histoires d’ondes…
Les ondes, son excentrique grand-mère les connaît également, puisque ses dons de magnétiseuse lui attirent une abondante clientèle. À l’approche de sa mort, elle prend soin d’initier son petit-fils et unique héritier. Il suffira de la survenue d’une jeune fille au regard de louve (Lou Lampros), affligée d’un mal étrange, pour achever d’éveiller en Jacky la passion du soin. Mais un loup rôde, bouleversant la sérénité du lieu en semant la mort parmi les brebis et en exaspérant les éleveurs. Naissent de nouveaux dangers…
Originaire de la Sarthe, où il est né en 1987, Lucas Delangle côtoie depuis l’enfance les histoires de magnétiseurs, auxquels il consacrait déjà « Du Rouge au Front ». Secondé au scénario par Olivier Strauss et servi par l’image de Mathieu Gaudet - qui excelle aussi bien dans les plans d’ensemble embrassant la beauté et le mystère de paysages spectaculaires que dans les zooms fascinés -, le réalisateur ose le mélange des genres et flirte avec le fantastique pour mieux saisir la circulation de l’impalpable, l’avènement de l’improbable et les magnifiques ondulations de la vie, qui court d’une espèce à l’autre, d’un corps à l’autre… Un premier film magnétique, si l’on consent à s’abandonner à lui.