J'ai découvert ce téléfilm comme beaucoup de monde lors de sa diffusion sur TF1 et quel ne fut pas ma surprise ensuite de voir un documentaire sur son personnage proposé par la même chaîne. Si la soirée à thème était facile à programmer, il faut aussi remarquer que cela n'a pas porté justice à la production d'Yves Rénier. On pouvait ainsi y découvrir une Jacqueline Sauvage plus froide et plus colérique qui, à l'instar de son mari, avait pu également marqué certains membres de son entourage par certains de ses excès.
Bien entendu ce rapprochement que je fais vis-à-vis de son mari est à prendre avec des pincettes : J.Sauvage n'en avait sans doute pas la violence et n'atteignait pas son horreur. Cependant le documentaire donnait ainsi à apprécier davantage un personnage complexe, aux antipodes de celui joué par M.Robin dans le téléfilm.
La chaîne mère n'a pas lésiné sur les moyens pour attirer son public et a redoublé d'efforts quant à convaincre par ses publicités. Voyez donc cette Muriel Robin dans la quintessence de son jeu ! et pourtant face au résultat... Ce n'est pas que Muriel Robin a été mauvaise, ce n'est pas l'actrice le problème mais bien le rôle : il est vide..!
J.Sauvage y est réduit à son plus simple dénominatif, celui pour lequel la France la connait : la femme battue. Rien d'autre n'en transparaît, rien d'autre n'en est montré. Elle a été battue, elle a subi des horreurs, elle a été battue, elle a subi des horreurs et rien. Le téléfilm ne nous donne nullement de quoi apprécier la femme derrière les articles de presse, la femme derrière les faits divers et de tribunal. Il ne va pas plus loin que ceux-là et ne nous en montre pas davantage, réduisant par la-même son personnage à la victime des violences de son mari et du manque d'empathie des tribunaux. Elle n'est plus humaine, elle n'est plus qu'un archétype.
C'est tout à la fois dommage et habile de la part et de son réalisateur et de TF1 car en la réduisant de la sorte, le téléfilm remplit une fonction toute autre. Il n'est plus l'histoire de Jacqueline Sauvage, il est celle de toutes ces femmes battues comme elle. Un manifeste pour nous sensibiliser à leur cas.
Dommage que pour ce faire Yves Rénier n'en ait réduit également tous ces autres personnages à leurs archétypes. Nul n'est plus convaincant. Nous n'avons pas affaire à des Juges, nous avons affaire aux Juges-qui-ne-prennent-pas-en-compte-la-souffrance-de-la-femme-battue. Nous n'avons plus affaire à des avocats, nous avons affaire à des avocats-qui-plaindent-pour-la-place-de-la-femme-dans-notre-société.
Tout est si grossier dans l'écriture que cela en devient par là très indigeste. L'intention était louable mais a clairement manqué de finesse dans sa réalisation. L'histoire de J.Sauvage méritait sans doute plus d'égards.