« Je ne crois pas en la chance, je crois en la vérité »

Jai Bhim est sorti le 2 novembre 2021 uniquement sur la plateforme de streaming Amazon Prime. Quelques jours plus tard, Il est devenu, avec 9,6/10, le film le mieux noté sur le site de référence mondial IMDb.
Le titre, qui peut se traduire par « Gloire à Bhim » ou « Victoire pour Bhim », est une expression utilisée par les Dalits en hommage à « Bhim » Ambedkar. Celui-ci est le principal rédacteur de la constitution de l'Inde, un leader des intouchables, et un initiateur du renouveau du bouddhisme en Inde, qui a cherché à dépasser le système des castes.

Le film raconte, sans rien édulcorer, la violence sociale et l’injustice faite aux intouchables. Ces personnes sont traitées comme des moins que rien. Elles vivent dans la misère, sans adresse postale, sans droit de vote, pieds-nus, sans papiers d’identité. Officiellement, la discrimination sur la base des castes est illégale, mais dans les faits la société indienne reste très marquée par cette hiérarchie des castes.

L’histoire racontée se base sur des faits authentiques survenus en 1993. La disparition de prison de Rajakannu, un homme de la tribu Irular, parmi les plus méprisées de l’Inde. Sa femme va lutter pour le retrouver et faire la lumière sur ce qui est arrivé. Pour cela elle fait appel à l’avocat Chandru qui mettra toute son énergie pour que justice soit faite. A travers cette histoire, c’est le fonctionnement de la société indienne qui est dénoncé et en particulier la violence de sa police qui n’hésite pas à recourir à la torture, au mensonge, et qui se comporte de manière arbitraire. Les scènes de tortures sont réalistes et difficiles à regarder.

Dans ce climat de corruption, l’attitude de Chandru est d’autant plus remarquable. Cet homme droit, qui répond à l’un de ses confrères du tribunal lui souhaitant bonne chance de manière sarcastique : « Je ne crois pas en la chance, je crois en la vérité ».
Cet avocat, est une figure notable du système judiciaire indien. Il est devenu juge, par la suite et il a réglé pas moins de 96000 cas durant sa carrière. Il s’est engagé en faveur des pauvres et a lutté contre l’injustice dès ses plus jeunes années.

Jai Bhim participe donc à un mouvement de dénonciation du système des castes. De plus en plus de films, de livres et de chansons dénoncent ce système. On peut signaler Le Tigre blanc sorti sur Netflix, également cette année, racontant l’histoire d’un homme appartenant à la caste des serviteurs.
Ces productions cinématographiques sont essentielles pour faire changer les mentalités, mais cela ne se fait pas sans risques… Suite à la sortie de Jai Bhim, Suriya, qui joue le rôle de l’avocat Chandru, est menacé de toutes parts, y compris par des politiciens. Il est actuellement sous protection policière.

Bai Jhim, un bel exemple, de la force subversive que les films peuvent avoir sur la société… A voir absolument pour connaître cette triste réalité encore actuelle.

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