Après le très raté Un beau soleil intérieur, les frères Foenkinos dressent un très beau portrait de femme, sublimée par la superbe Karin Viard. Arrivée la cinquantaine, Nathalie, divorcée, professeur de lettres en khâgne, est une femme aux bord de la crise de nerf qui contemple le succès, la beauté et le bonheur chez son entourage, en commençant par sa fille de 18 ans jusqu'à ses collègues et ses voisins et en devient inconsciemment jalouse... Le personnage est complexe, contradictoire, excessif et impulsif et ce qui apparait comme une comédie presque bon enfant dans un premier temps se révèle être un regard perçant sur notre propre cruauté. On rigole beaucoup grâce à des dialogues fouillés et surtout grâce au punch subtil et acéré de Karin Viard qui rend plausible cette personnalité poussée à l'excès. D'abord, on se concentre sur cette relation mère-fille où émerge le talent et la grâce d'un côté, une promesse d'avenir face à une étape de vie construite et stoïque, vieillissante, sur la pente descendante. Punchlines, remarques déplacées, situations aberrantes, nonchalance, air supérieur et inébranlable : ce qui nous a fait bien rire au départ prend une tournure plus sérieuse et complexe, une sorte de perversité gratuite. Les paroles dépassent la pensée, influencent les actes et deviennent un point de non-retour. Le désespoir risible devient objet de pitié et de problème psychologique et l'audace de l'actrice ne rend le pont entre ces deux pôles que plus réaliste et intime. Ca sent le César de la meilleure actrice ou je ne m'y connais pas, ou au moins une nomination bien méritée ! Je me suis senti happé et concerné par ce burn-out rudement bien mené, les yeux écarquillés et conquis par ce scénario si proche de notre quotidien et de notre caractère complexe qu'on a parfois du mal à comprendre nous-même... Ce portrait est criant de vérité, passionnant à contempler chez Karin Viard mais aussi auprès de son entourage, des personnages secondaires construits et dessinés qui ne manquent pas de talent pour lui donner la réplique. Anne Dorval, en amie fidèle mais dépassée, est toujours au top, même dans un petit rôle ! Jalouse, titre plutôt simple vu le contenu du film, nous fait passer par toute une palette d'émotions, on rit, on est ému, on réfléchit, on s'identifie (contrairement à Un beau soleil intérieur), on se perd, et ça, c'est signe d'une réalisation aboutie et réfléchie et absolument bien interprétée ! A voir !

alsacienparisien
9

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le 9 nov. 2017

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