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Un documentaire glaçant mais intéressant du point de vue historique et psychiatrique.

Judas Priest est un groupe qui a toujours énormément compté pour moi. J'exagèrerais sans doute un peu si je disais qu'ils m'ont déjà aidé à aller de l'avant et à chasser des idées noires mais franchement j'exagèrerais sans doute assez peu car leur musique est empreinte d'une force vitale extraordinaire. En ce sens, écouter du Judas Priest c'est généralement la garantie pour moi de passer un bon moment et de parvenir à me ressourcer rapidement. Même si je trouve la conception nietzschéenne de l'art assez "pauvre" par rapport à d'autres conceptions philosophiques en esthétique (et à la limite de la contradiction par rapport à certains points de sa philosophie) je dois dire que c'est sans doute celle en laquelle je me reconnais le plus : je considère la musique (et l'art) comme ce qui doit exalter la vie elle-même...lui donner du souffle et permettre de "fuir la laideur de la vérité" (ou du réel en ce qui me concerne plutôt). C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'écoute assez peu Radiohead par exemple, malgré mon appréciation élogieuse de ce groupe "objectivement" la voix du chanteur me donnant souvent envie de sombrer.


Pourquoi ces digressions "persos" par rapport au petit documentaire dont il est question ici? Parce qu'il n'y a rien (le néant...nada!) qui puisse être reproché à Judas Priest d'un point de vue "éthique" concernant le contenu de leur musique...rien de véritablement "nihiliste" ou autodestructeur (le grunge s'en chargera à la limite de ça) et que pour ses fans (dont je fais partie vous l'aurez compris) leur musique est un sacré dopant (quand j'écoute "Blood red skies" ou même "No surrender" sur le dernier album j'ai des envies de conquêtes du monde!). D'où l'absurdité des accusations dont le groupe a dû répondre à cette époque dans ce documentaire d'avoir voulu pousser au suicide deux fans en introduisant au préalable des messages subliminaux (en passant au ralenti et à l'envers un extrait de "Better by you better than me" extrait de leur chef d'œuvre "Stained class" on entendrait "do it"...ok mais quoi? Prendre un bain? Commander une pizza? Blague à part...la reconstitution sonore n'est de toute façon pas très convaincante et le jury a l'air assez dubitatif). C'est donc le magnifique album "Stained Class" qui est utilisé comme cible (ou comme "pièce à conviction" si on veut) : on cherche tant bien que mal des paroles légèrement "tendancieuses" mais manque de bol "Better by you better than me" n'a pas été écrite par le groupe lui-même et le chef d'œuvre baroque et progressif "Beyond the realm of death" est si bien écrit qu'il paraît difficile de tomber sur une interprétation possible et incontestable...quand-à "Exciter"...no comment! Un membre du groupe (je ne sais plus lequel) aurait même souligné avec une ironie "so british" (bien après cette affaire) que s'ils avaient introduit des messages subliminaux dans leur musique ils se seraient contenté d'y mettre des messages poussant à acheter leurs albums (bah oui tuer son public c'est un peu "bof" comme stratégie commerciale).


Vous l'aurez sans doute compris, même sans rentrer dans le détail et en recourant seulement à la logique difficile de trouver quoi que ce soit à reprocher au groupe (qui fait preuve d'une honnêteté et d'un sang froid exemplaire d'ailleurs en passant, surtout Halford!). Alors pourquoi toute cette histoire? Pourquoi en faire un documentaire et pourquoi cette histoire est tout de même intéressante (ne serait-ce que d'un point de vue historique)? Et bien, précisément parce qu'il nous renseigne sur une tactique "psychologique" esquissée par Schopenhauer dans Le monde comme volonté et comme représentation (livre 3+suppléments) ainsi que par la tradition psychiatrique depuis : la stratégie du bouc-émissaire (le groupe...et le heavy metal cette musique de "dégénérés", prenez les jeux vidéos maintenant que ce genre de musique a été canonisé par une partie de l'élite ça marche aussi!). Cette stratégie n'est pas "consciente" ici : on voit bien vite que la mère est dans un total déni et souffre sans doute, elle-même, de troubles qui l'ont empêché de percevoir la détresse et les troubles mentaux de son fils. Au fur et à mesure du documentaire, on est presque horrifié par le caractère "glauque" de l'entourage du gamin ayant momentanément survécu à son suicide (mais ayant fini horriblement défiguré). On comprend d'ailleurs également que la religion possède une place importante (impossible à élucider avec exactitude) dans les troubles de l'adolescent survivant...ce dernier faisant à plusieurs reprises des parallèles entre les textes bibliques sur le péché (qu'il connaissait par cœur) et ceux du groupe qu'il estime responsable de son action autodestructrice. Bref, le dossier familial terriblement triste et sans appel jettera petit à petit la lumière sur cette affaire sordide et verra le groupe acquitté...le heavy metal devenant petit à petit avec les années un genre de musique totalement "innocent" (à part peut-être auprès d'incultes vivant encore au moyen-âge).


Ce documentaire est un témoignage poignant et viscéral de ce que l'Amérique peut engendrer comme cas sociaux et psychologiques assez lourds et que le besoin inconscient de faire peser sur une entité autre que soi-même le poids d'une responsabilité accablante ne date pas d'hier...


Une bien triste histoire tout de même!

Venomesque
8
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le 9 janv. 2021

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Venomesque

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