Le western, genre en crise depuis belle lurette, a besoin de concepts aguicheurs pour regagner un semblant d'intérêt de la part du public. Propulser une femme en personnage principale, d'autant plus campée par une actrice cotée avait toutes les chances de gagner gros. Ajouter par-dessus un titre encore plus racoleur, Jane got a gun par exemple, et la route semble toute tracée. Eh bien non, ce western moderne procure la même sensation qu'un téléfilm ennuyeux du mercredi après-midi.
Pourtant, l'introduction du film ne laisse transparaître aucunement le désastre à venir. L'entrée en matière se veut rythmée et efficace. Un maison dans les plaines désertiques inhérentes au genre et un montage dynamique plantent le décor. La famille de Jane est attaquée par une organisation et elle est seule pour la protéger, d'où l'idée de se saisir d'un gun. Cependant, ne se sentant pas les épaules assez solides pour affronter la bande seule, elle s'empresse de quémander du renfort chez son ex (le culot). Et patatra.
Une fois l'ex retrouvé, le film adopte un rythme atrocement mou dû à des flashbacks à répétition. En substance, 80% du film se composent de flashbacks. Ils retracent toute la vie de Jane, comment elle rencontre son ex, comment elle rencontre son mari actuel. Bref, tout le tintouin qui a mené à la situation actuelle. Là, la tonalité narrative donne envie de piquer du nez et seuls quelques rares affrontements permettent de s'extirper de la léthargie ambiante.
Les affrontements lors des flashbacks apparaissent comme les moments les mieux maîtrisés de l’œuvre. La réflexion sur l'objet arme à feu s'y déploie et offre une matière intéressante. Les pistolets à cette époque non automatiques, la cadence des tirs s'en trouve très réduite. De fait, ces scènes de tirs exploitent à très bon escient cette tension induite par ces limitations technologiques. Elles ne montrent pas plus de deux ou trois tirs, mais tous calibrés de sorte à créer du suspens (aidé par quelques contrechamps et vues en plongée).
Je distingue ces derniers de l'affrontement final car ai rarement vu un propos aussi peu maîtrisé. Tout part en vrille. La caméra bouge dans tous les sens et filme n'importe comment, de sorte à rendre la séquence entière fouillis et incompréhensible. Loin du bouquet final escompté après la traversée du désert qu'a été cette narration lente et poussive.
De Jane got au gun reste seulement une mise en bouche alléchante. La narration aurait gagné à être simplement chronologique, de la jeunesse de Jane à ce point de tension afin d'éviter le caractère mou inhérent aux flashbacks. Tandis que la caméra pourtant maîtrisée tout au long du film, via des plans pas nécessairement recherchés m'enfin corrects pour le standing du film, pète un câble à la surprise générale. Dommage, le concept avait un très gros potentiel mais la palme du meilleur western moderne de 2015 revient indubitablement à The revenant.