Le film commence sur un conte, sur une histoire d'une simplicité enfantine mais qui dessine, en creux, les lignes directrices de Jane Got a Gun. Si celui-ci puise dans le genre western, la nouvelle pellicule de Gavin O'Connor est avant tout un film de personnages. Tout d'abord archétypaux, avant que les quelques flashbacks qui parsèment l'oeuvre ne viennent les nourrir, puis changer leur nature initiale et apparente. Loin d'être multipliés et de perdre le spectateur, loin de parasiter le récit, ces derniers, au contraire, l'amplifient et donnent un nouveau point de vue sur les relations entre Joel Edgerton, Noah Emmerich et la belle Natalie Portman.
C'est cette dernière qui est mise en avant dans son rôle de louve prête à tout pour défendre les siens, dans son rôle sacrificiel. L'actrice s'illustre dans un véhicule, aux allures de tragédie grecque, conçu pour elle dans une composition de femme forte et courageuse prise dans l'évolution des relations qu'elle entretient avec les deux hommes de sa vie. Joel Edgerton, lui, excelle encore une fois, comme dans Warrior, où il était déjà dirigé par le même O'Connor. Un hasard ? Ce dernier a aussi le bon goût de shooter dans des décors magnifiques dont il imprime la beauté à même la pellicule et sur la rétine du spectateur, tout en utilisant la plupart des lieux communs du genre qu'il traite.
Mais toutefois, le film n'évolue pas forcément là où on l'attend. Car Jane Got a Gun, c'est avant tout une vendetta inéluctable devant laquelle on fuit, avant de finalement l'affronter. Mais aussi, en parallèle, un désir de vengeance, de faire mal à l'autre autant que l'on a souffert soi-même. Tout cela dans une atmosphère propice à l'introspection et une quasi unité de lieu, les rancoeurs et les haines se trouvant concentées à un moment ou à un autre entre les quatre murs de cette maison.
Le final nocturne concentrera à lui seul à peu près toute l'action du film, d'abord dans les flammes, ensuite par les balles échangées. Si le twist est attendu, il éclaire cependant le film d'une touche positive que l'on n'attendait plus. Certains hurleront au simplisme et au manichéisme. Mais cela a cependant le mérite de boucler la boucle et de terminer cette intrigue comme elle avait commencé, comme un conte.
Histoire sincère et intime, Jane Got a Gun est tout simplement un film qui a du coeur. Un excellent divertissement, malgré son classicisme et qui ne mérite surtout pas sa réputation peu flatteuse.
Seulement 5.5 de moyenne sur SC ? Mais resaisissez-vous, les gars !
Behind_the_Mask, qui fait parler la poudre.