Jasmine est un très beau film, assez personnel et plutôt poétique.
Le jeu de l'animation qui se crée sous nos yeux est intéressant, mais on regrette qu'elle soit rarement réellement aboutie. Dans pas mal de scènes l'animation manque de fluidité, et ça nous fait sortir d'un univers pourtant très chargé en poésie.
De même, l'articulation voix off / image se fait parfois difficilement : c'est plus une illustration du texte, qui paraît parfois plaquée et ça gagnerait à s'y mêler un peu plus par moments. Certains passages peuvent donc sembler un peu froid, bien que l'on ait l'impression de se trouver dans l'intimité du narrateur.
Pour ce qui est de l'ambiance, c'est assez bien rendu. La rencontre entre la vidéo (qui renvoi plutôt à l'actualité du narrateur qui raconte), l'animation et les décors qui imagent ces souvenirs et les vidéos d'époque se fait plutôt bien. Les bruitages aussi fonctionnent bien, avec toutes ces voix de fond qui dansent en persan sans chercher à être comprises (pas de sous-titres d'ailleurs dans ces passages), mais plutôt à transmettre par le ton ou installer une ambiance.
Le travail sur les anciennes images filmées est aussi très beau plastiquement, je me suis d'ailleurs demandé si c'était volontaire ou s'il s'agissait d'un effet naturel dû au vieillissement. Les dernières images sont envahies par le bleu, au point que l'on peut se demander s'il s'agit d'un traitement ajouté à l'image, d'autant qu'elles sont mis en parallèle avec cet océan de vagues (bleues) qui envahissent l'écran. Dans un cas comme dans l'autre, c'est bien exploité (et l'articulation entre animation et ces vidéos se fait d'ailleurs presque mieux qu'avec les autres).
Sinon il y a des choses vraiment très belles par moments, comme la mer, ou tout simplement le modelage et le mélange des pâtes à modeler (parfois attendu, mais le résultat est quand même là).
Je regrette tout de même que l'histoire paraisse tout de même superficielle malgré tout ce que le réalisateur semble y mettre.