Burne One Down
La chanson de la Burne Retrouver la Burne après tant d'années d'abstinence forcée, c'est chaud. C'est un peu comme retrouver un pote qu'on a perdu de vue sans se souvenir pourquoi. T'es là, souriant...
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le 14 mai 2017
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Pendant la séance une dizaine de titres factices pour le film ont virevolté dans mon esprit : The Bourne Vacuum, The Bourne Nonsense, The Bourne Emptiness … Ouais, je parle anglais, ouais. Mais finalement, The Bourne Something paraît le plus approprié. Voici pourquoi : Matt Damon lui-même raconte, en plaisantant, que lorsqu'ils cherchaient un titre au nouveau volet de leur personnage phare, ils pensaient l'appeler The Bourne Something. Eh bien, ils ne croyaient pas si bien dire. C'est effectivement quelque chose mais on ne sait pas trop quoi. Un patchwork d'action et d'histoire surannée qui conviendrait mieux aux séries B des années 80 avec Schwarzy ou Sly. Ou Michael Dudikoff. Le film manque d'enjeux crédibles car ils sont tous crées de manière trop artificielle. Le défaut numéro un du film, c'est qu'il sent la naphtaline et donc le manque d'idées à plein nez.
Pour faire simple, le film arrive à compiler tous les clichés que le reste de la série avait soigneusement évité jusque là. Quelques exemples qui ne seront pas des révélations : les coups de théâtres attendus qui marchaient dans les années soixante, une histoire avec le père du personnage principal improbable, un méchant directeur de la C.I.A. très méchant et son "asset" qui dégomme des gens de manière aléatoire comme on mange des chips. Ce serait compréhensibles dans un film avec Gerald Butler. Mais pas ici. La liste est a rallongée mais ce serait faire des révélations.
Greengrass remet le couvert. On s'en léchait les babines. Le problème c'est que l'impression donnée est celle d'une œuvre qui aurait été réalisée par un autre qui aurait voulu imiter Greengrass ! Même chose pour la musique qui reprend les thèmes développés par John Powell, sauce mayo-ketchup. Tout cela sent le recyclage, de la manière de filmer qui avait bousculé le cinéma d'action à la musique placée dans un maximum de séquences.
Comment savoir qu'un film d'action américain ne sait plus quoi faire ? Il vous en met plein la tête, avec des grosses explosions et des bruitages assourdissants. Tout le contraire de ce qu'évoque le nom de Jason Bourne et ses intrigues pseudo-réalistes.
Il y a beaucoup trop de plans qui ralentissent l'action : par exemple ceux ou l'on voit les gens sur des ordinateurs lors de la première scène d'action, les pédales filmées ostensiblement lors des poursuites en voiture etc … En résumé, Paul Greengrass se singe et abuse du nombre de plans inutiles qui viennent alourdir l'ensemble.
Et comme on ne vient pas forcément pour le scénario qui est déjà médiocre, on s'ennuie. On regarde même sa montre. N'est-ce pas LDQS ?
Et là où l'on constate que le film se perd aussi, c'est dans le casting. Vikander est transparente au possible et le style de réalisation, qui filme au plus près les acteurs, montre que son nombre d'expressions faciales est inversement proportionnel à celui de Jim Carrey. Vincent Cassel est à l'image du film, il paraît trop âgé pour un agent de terrain. Ils lui ont laissé ses cheveux grisonnants. Trop de réalisme tue le réalisme ? Et enfin Tommy Lee Jones se caricature du début à la fin. La réunion de production pour discuter de la distribution devait donner cela : " Eh les gars, on a pris tout les mecs avec une gueule de sale type des services secrets pour les autres épisodes, on peut prendre qui ? Ah bah il ne reste plus que Tommy Lee Jones dans cette case. Allez, emballé c'est pesé". La présence d'une Joan Allen se fait cruellement sentir.
Au fond le film fait des erreurs similaires aux concurrents avec lesquels tous les magazines de cinéma et notamment le Studio Ciné Live de juillet-août, le comparent. Tout comme Mission Impossible - Rogue Nation, le film est mou. Et tout comme Spectre il veut absolument lier les intrigues des différents volets, grâce à une histoire familiale sortie du chapeau. Pas de révélation là dessus, c'est montré dès le début de l'histoire. Le problème c'est que cela détonne avec les autres épisodes et même avec le ton général de la saga. Tout y est déjà vu, conventionnel et convenu, tout ce que pourquoi Jason Bourne n'est pas réputé. Tout est poussiéreux.
Côté Bourne Politics, ATTAC était déjà visible dans La Mort dans la Peau, qui apparaissait rapidement. En vieillissant, le militant de gauche américain devient plus ostentatoire semble t-il et on a droit aux manifestations en Grèce dans ce dernier opus, serties de blocages de police. Encore une fois aucune révélation, tout cela se produit au début du film. Dans le registre du trop appuyé, il y aussi une histoire de hacker qui fait penser à Mr. Robot. On cite aussi Snowden et un personnage americano-indien est le Zuckerberg de service, avec une conscience. Le problème c'est que Bourne ce n'est pas Citizenfour. Mais bon le film veut vraiment montrer qu'il est plus démocrate que jamais. La preuve. Sauf que Bourne ce n'est pas non plus un meeting de Bernie Sanders ou de Syriza.
La franchise Bourne a été un tournant dans l'histoire du film d'action, sans être un choc. La production avait su créer un opposé-complémentaire à James Bond. D'ailleurs il a récemment déclarer que " Jason Bourne devra ressembler à James Bond pour durer ". Elle avait su réutiliser le crash cutting venu de cette même saga, créé et utilisé par Peter Hunt dans Bons Baisers de Russie et Au Service Secret de Sa Majesté, notamment. La fameuse shaky cam également, déjà vu auparavant dans des séries comme New York Police Blues. La musique, énergique, qui venait parfois souligner simplement une scène de mise en place. Les méchant anonymes, joués par des acteurs inconnus. La production avait un problème, il n'existait que trois romans. Contrairement à son frère ainé, lorsqu'il n'y a plus eu de roman sur lequel se basé, ils n'ont plus su quoi écrire. Ils ont perdu la Bourne Identité.
La saga oublie malheureusement tous ses fondamentaux et force est de constater qui faut désormais savoir l'arrêter pour limiter les dégâts. Dommage. Surtout que Matt Damon n'a plus ce visage juvénile de gendre idéal du premier film mais une bonne tête d'homme d'âge mur, plus virile. L'âge pour jouer James Bond en somme. Mais l'industrie du film de divertissement hollywoodien est une éternelle adolescente.
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Créée
le 11 août 2016
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