Press ξ to Jason

Après avoir vu le décevant Choc des Titans en fin d'année dernière, j'ai voulu voir un autre film sur lequel avait bossé Ray Harryhausen… ça tombe bien, en plus de bien aimer le personnage central du film dont il est question ici, Jason et les Argonautes est considéré comme sa meilleure production.

Et effectivement, Jason et les Argonautes est bien meilleur que cet autre long-métrage : plus respectueux du mythe d'origine, moins « film pour enfants » (bien que Jason en soit aussi un, il n'est pas autant débilement niais que l'autre), mais surtout, difficile d'accepter que 18 ans sépare les deux productions tant les différences sont minces, que ce soit au niveau de l'image ou des effets visuels… en fait, j'irais même plus loin : Le Choc des Titans fait plus dater que Jason et les Argonautes. Faut dire aussi que quand tu laisses sensiblement plus de temps à ton concepteur des effets spéciaux pour accomplir son taf, que tu risques d'obtenir un bien meilleur résultat. Si je ne devais conserver qu'un passage de ce film, ce serait sans nul doute celui concernant Talos, qui a sacrément bien vieilli tant le faible nombre d'images par seconde renforce le côté mécanique du géant de bronze.

De toute façon, ça se voit que Ray Harryhausen a eu son mot à dire concernant la réalisation du film (le bonhomme était aussi coproducteur, il a pu imposer ses choix à plusieurs reprises, notamment au niveau du choix des acteurs), l'intégralité des scènes qui marquent la rétine le concernant directement… non parce que peut-être que Don Chaffey n'est pas tant un mauvais réal' que ça, certains de ses longs jouissent d'une certaine réputation ; mais scènes comportant des effets spéciaux exceptés, c'est filmé très froidement, comme n'importe quel autre péplum lambda… puis bordel, les zooms c'est non ! É-Li-MI-NA-TOIRE !

Niveau adaptation du mythe, on est face à quelque chose de relativement (notez le relativement) fidèle à l'Argonautiques d'Apollonios de Rhodes. En tous cas, ça ne fait pas n'importe quoi avec le mythe de base, à coup de Titans qui n'en sont pas, de chouettes mécaniques tirées de Star Wars, et de créatures empruntées aux scandinaves parce que YOLO. Aussi, le mythe original étant un poil hardcore pour les plus jeunes par moment, à base de personnes découpées en morceaux et de nourrissons assassinées, je comprends que l'adaptation ait subi quelques modifications. Enfin, on retrouve cette logique, cette ironie, concernant les dieux, pour qui tout est une histoire de jeu, avec un Zeus qui impose ses règles à la con parce qu'il n'a que ça à foutre de ses journées, et surtout parce qu'il veut rappeler qui est le plus fort.

Là où je suis le plus surpris, c'est en ce qui concerne le rythme du film. D'un côté ça va beaucoup trop vite, de l'autre ça s'arrête en plein milieu, la fin nous teasant une suite (qui n'est jamais arrivé vous vous en doutez) et le grand méchant de l'histoire, Pélias, disparaissant très tôt du film. En l'état, j'aurais préféré quelque chose de plus long (oui), mais qui aurait joui d'une « vraie » fin, ou d'une suite… en tous cas pas d'un truc bâclé.

Comme pour de nombreux autres péplums, le film a été tourné en grande partie dans des lieux réels, et comme pour de nombreux autres péplums, ç'a été tourné en Italie. Ce n'est probablement pas tant raccord que ça avec la Grèce et la Géorgie certes, mais au moins, ça permet à ce genre de film de relativement bien vieillir.

Aussi, peut-être que ça vient de moi, de mon hermétisme, mais comme pour de nombreux autres films d'époque, je ne trouve pas que ça joue si bien que ça. En fait, seules les scènes concernant les dieux, plus précisément les confrontations entre Héra (Honor Blackman) et Zeus (Niall MacGinnis), m'ont un minimum captivé… et encore, il faut savoir qu'il s'agit d'un couple parce que ce n'est pas évident à deviner en regardant le film.

Bref, Jason et les Argonautes est un chouette film (contrairement au Choc des Titans qui a une chouette sans être un chouette film pour autant), probablement pas le meilleur du genre (je dis ça car je n'en ai pas vu des tas donc je ne vais pas trop me mouiller), mais sympathique, et encore « regardable » aujourd'hui. Ç'a beau être un film qui plait davantage aux enfants qu'aux adultes, j'ai tout de même pris du plaisir devant… puis bon, le taf' de Ray Harryhausen reste dingue et justifie amplement le visionnage dudit film.