La première fois que j'ai vu ce film j'étais plutôt emballé. J'ai trouvé JCVD touchant, sincère, réussi. En le revoyant ce soir, je suis déçu; je ne comprends pas comment j'ai pu ressentir tout ces émotions lors de la première vision.

Le gros problème est dans le scénario: vide. Pas grand chose à sauver. On ne sait pas trop ce que le réalisateur veut faire; d'un côté il nous montre un van damme réaliste pour ne pas dire réel, et d'un autre il conserve les codes d'un film d'action avec ses fantaisies les plus saugrenues (limité par le budget made in Belgium, bien sûr). Le mélange des deux me semble mal traité et je n'en retiens qu'une impression d'être assis entre deux chaises; en effet, l'un tendra toujours à annuler l'autre.

Ainsi, la philosophie de Vandamme que l'on tente d'adapter, ne tient pas la route face à des effets de style d'actionner. La psychologisation des personnages sabotent l'action, ou plutôt la paralyse: dans ce bureau de poste, les conflits sont finalement peu présents et la tension légère. Enfin, cette psychologie même est assez peu subtile, mal menée, bateau, parceque les méchants doivent faire les méchants et Vandamme reste le grand héros, même si son combat est ailleurs (renaissance d'un homme). Résultat: l'action ne décolle jamais parceque l'auteur veut aller en profondeur, mais cette même profondeur ne dépasse pas les quelques centimètres parceque l'on reste dans les codes de l'actionner. La boucle est bouclée.

La mise en scène, comme je viens de le dire, est bourrée d'effets de style, empruntés à l'actionner mais également au film d'auteur. Le tout assemblé comme un best of de stylisation. On coupe le son dans un moment 'fort', on utilise un double point de vue, ... Ce double point de vue, d'ailleurs, confirme l'idée qu'il ne se passe pas grand chose. Car qu'est ce que cela apporte au film? Le réalisateur raconte deux fois la même chose, gagnant ainsi 20 minutes à son métrage. La scène d'ouverture, impressionnante de prime abord par sa volonté de raconter beaucoup en un plan, se révèle finalement assez scabreuse et pas toujours compréhensible.

Pour moi, la volonté de faire un film vrai contredit ce médium qu'est le cinéma. Même lorsqu'on tourne un documentaire, il y a cette idée d'appartenir à un art avant tout. Les artifices utilisés pour le monologue sont bien cinématographiques, mais le message de vouloir faire de JCVD un testament ou un harangue lancée par l'acteur semble un peu lourd. Pire, ce discours qui m'avait touché lors de ma première vision, m'a paru ici dérisoire, misérable, facile. Pourtant, en soi, je trouve qu'il s'agit là d'une très bonne idée pour laisser le personnage s'exprimer ou encore pour marquer le fait qu'on est dans un film. Sauf que là ce n'est pas le personnage qui s'exprime mais l'acteur directement. Et qu'il y a cette volonté de faire un film vrai. Cette séquence aurait, à la limite, pu paraître comme un repos par rapport à la narration fictive. Sauf que la tension est si basse durant tout le film, que le spectateur n'a vraiment pas besoin de souffler... encore moins d'avoir pitié d'une vedette de karaté.

La bonne nouvelle, c'est que Jean Claude peut jouer correctement s'il prend la peine de chercher les bons projets. Evidemment, on sait aujourd'hui que ce film n'aura pas sauvé sa carrière, qu'il continue même à s'enfoncer plus en passant à des émissions de télé réalité, ou en réalisant son propre film (j'ai cru entendre 'lamentable'). Le DVD contient un making of répétant la même chose que le film mais sous une forme plus convenue. néanmoins, elle n'épargne pas l'acteur puisqu'il passe pour un con (je défonce une armoire avec un coup de boule) ou pour un pleurnichard (je suis malheureux, je fais tout ce que je peux mais je suis trop nul).

Il reste tout de même si et là queqlues bonnes idées ou quelques bons dialogues au film qui divertit son homme. Toutt n'est donc pas perdu finalement.

Bref, JCVD est un film facile qui joue la carte du "C'est pas bien de se moquer, Jean-Claude c'est un homme avec ses défauts comme tout le monde!" avec peu de subtilité. Le mélange de deux genres diamétralement différents n'est pas dosé avec justesse, les deux se sabotent, le réalisateur semble ne pas trop savoir ce qu'il veut (d'ailleurs on le retrouve démotivé lors du dernier jour de tournage, ce qui est incompréhensible quand on sait qu'il est en train de concrétiser son rêve et que le tournage s'est globalement bien passé); je ne recommande donc pas ce film pour les plus exigeants.
Fatpooper
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le 5 mars 2012

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Fatpooper

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