Etre une femme libérée, tu sais, c’est pas si facile … comme le chantait ce vieux tube des années 80. Surtout quand on est une jeune femme arabe israélienne et qu’il faut se libérer du poids des traditions d’une société patriarcale.
Je danserai, si je veux relate la vie quotidienne de trois jeunes femmes à Tel-Aviv, ville d’Israël dont les mœurs s’apparentent le plus à celles de l’occident.
Il n’est pas question ici de terrorisme islamique, de palestiniens oppressés, de check points qu’il faut franchir inlassablement ou de racisme au quotidien. Non, il s’agit tout simplement de la difficulté de vivre sa vie comme on l’entend, quand on est une jeune femme arabe en Israël.
Layla a beau être une avocate belle et indépendante, qui aime faire la fête, elle devra se résigner à quitter son amoureux, qui bien qu’ayant travaillé dans le cinéma à New York, n’en est pas moins encore très rétrograde sur certains principes, comme considérer qu’une femme bien ne fume pas en public.
Salma, sa colocataire décontractée, qui aime comme elle, se droguer, fumer et boire entre amis, se heurtera à sa famille chrétienne, qui cherche désespérément à la marier, non pas pour ses mœurs dissolues, mais parce qu’elle est lesbienne.
Nour, enfin, la troisième colocataire, originaire d’Oum el-Fahem, bastion musulman en Israël, bien plus sage que les deux autres, qui cache les bouteilles vides qui traînent dans l'appartement, quand son fiancé vient la voir et étudie très sérieusement l’informatique à l’Université, se libèrera de ce dernier, quand elle comprendra qu’il est un gros macho violeur, qui voudrait qu’elle se marie vite avec lui, pour qu’elle occupe la place qui lui échoit : au foyer, sans travailler.
Alors bien sûr, l’histoire n’est pas très spectaculaire, les situations sont souvent banales et sentent le déjà vu, mais il faut savoir que la réalisatrice a reçu des menaces de mort et que son film est interdit à Oum el-Fahem. Le Moyen Orient n’est pas l’Europe et la condition féminine qui existe là bas et ici est un bon prisme pour s’en rendre compte. Il faut également garder à l'esprit que vouloir briser les tabous sociétaux et religieux est encore une entreprise dangereuse et loin d'être gagnée.
Les trois personnages sont attachants, les actrices convaincantes, la BO superbement enivrante et l’on passe un bon moment, en empathie avec ces charmantes jeunes femmes.
En revanche, on peut reprocher le fait que les histoires d'amour ne soient qu'esquissées, de manière un peu trop superficielle. Il manque sans doute un peu de moments forts dans le scénario et un peu de relief à la mise en scène, pour qu’on soit réellement conquis. La seule scène vraiment émouvante étant celle où Layla et Salma réconfortent Nour en pleurs, dans un bel élan de solidarité féminine. Il reste néanmoins un beau portrait sensible de femmes en lutte pour leur émancipation.