"Suddenly" est le nom de la petite ville où il se passait toujours quelque chose de soudain il y a très longtemps (attaque de banque, triche au jeu, etc …) ; depuis qu'il ne se passe plus rien, on envisagerait de renommer la ville "Gradually"…
Sauf que le président des USA doit descendre du train un jour, là précisément. Et bien sûr des malfrats s' installent à Suddenly pour tenter de l'assassiner. D'où vient, je pense, le titre curieux donné par les distributeurs français au film : "je dois tuer" …
Pas "je vais tuer" ou "je veux tuer", mais je "dois tuer" si je veux toucher ma prime pour l'assassinat du président…
Curieux petit film de série B réalisé par Lewis Allen en 1954, réalisateur britannique vivant aux USA qui a réalisé une dizaine de films quasi inconnus…
Le film est un huis clos dans une maison investie par les malfrats (dont le chef est le bavard et vaniteux Franck Sinatra (qui ne se sent vraiment un homme que depuis qu'il a un revolver en main); dans cette maison, résident un ancien des services secrets à la retraite, sa belle-fille, veuve de guerre et son petit-fils. Vient se joindre le shérif de la ville (le mal dégrossi mais courageux et honnête Sterling Hayden) en tournée de contrôle avant l'arrivée du président. Les 75 minutes du film seront donc des discussions que je qualifierais de très improbables entre les différents protagonistes sauf à considérer que les malfrats sont des amateurs, même pas gentils car Il y a quand même pas mal de gens qui se font flinguer pendant ce laps de temps.
On a compris que dans cette aventure, une "famille typiquement américaine", qui n'a plus rien à prouver en termes de devoir et de patriotisme, affronte à nouveau le Mal ou l'Ennemi. Une nouvelle fois, la "famille typiquement américaine" va devoir se dresser et peut-être payer de sa personne. D'autant que ces affreux malfrats tiennent en otage la famille en menaçant le petit garçon, ce qui est le tabou absolu aux USA. La seule question que le spectateur a à se poser est : comment diable vont-ils réussir à s'en sortir ?
Dire qu'ils vont s'en sortir n'est certainement pas un scoop ; par contre je ne dirai pas comment…
Il semblerait que le film ait eu son heure de gloire car Lee Oswald (l'apparenté assassin de Kennedy) l'aurait visionné à la télé ; de là à penser que la télévision peut avoir des effets pervers, il y a un pas que je ne franchirai pas.
En conclusion, "Je dois tuer" est un petit film qui se laisse bien regarder, qu'il faut regarder avec un œil bienveillant malgré le caractère hautement invraisemblable du scénario.