La classe de Jackie Sardou, la voix de Tobie, la secrétaire de Martin Tupper dans Dream On, et une démarche bringuebalante de vieille poivrote, voilà la reine du box-office en 1933.
Mae West a tourné peu de films, bâtissant une carrière sur scène, en tant qu'auteur et interprète grâce à son personnage de croqueuse d'hommes et à ses répliques grivoises à double sens. Ici aussi, elle signe les dialogues, dont certains sont passés à la postérité : "it's not the men in my life that count, it's the life in my men" ou "when I'm good, I'm very good, but when I'm bad, I'm even better". Bon. On serait prêts à les entendre sortant d'une jolie bouche, mais ici tout repose sur un postulat hallucinant : son irrésistible capacité de séduction. Premier mensonge.
Petit pot à tabac d'un mètre cinquante-deux (ou cinquante-cinq selon les sources), elle s'obligeait à porter des talons de 20 cm qui lui donnent une démarche, comment dire ? Y a comme du roulis. Elle se tord à chaque pas, comme si elle était atteinte d'une maladie... Deuxième mensonge.
Femme de goût malgré tout, elle choisit Cary Grant comme partenaire à l'écran. Le pauvre nous offre un profil rentré, avec le menton dans les oreilles pour ne pas trop s'approcher de la blonde gironde, ou carrément son dos. Mae West prétendra toute sa vie l'avoir découvert dans leur premier film ensemble, Lady Lou, alors qu'il tenait déjà un premier rôle face à Marlène Dietrich dans Blonde Venus en 1932. Troisième mensonge.
Alors quoi ? Comment tant de vulgarité a-t-elle pu exploser le box-office, la dépression - mais alors, la grande dépression - expliquerait-elle son succès ? Parce que sinon, on ne voit pas comment cette femme a pu passer pour un sex-symbol.