Franchement, j'ai vu ça débarquer sur Netflix et je ne me serais pas donné la peine pour si peu si l'actrice principale du film Marie-Sophie Ferdane n'était pas venue défendre le film sur Médiapart. Elle a dit que Netflix offrait une liberté de création proche du cinéma d'auteur... Pour avoir vu pas mal de trucs produits par Netflix qui étaient assez douteux niveau qualité, ce n'est pas que j'étais sceptique sur la liberté prétendument offerte par Netflix, c'est surtout que de cette liberté il faut en faire quelque chose, sinon autant signer chez les Weinstein et faire son petit film à Oscar bien calibré... Quitte à faire de la merde, autant que ça rapporte du fric (enfin pour les intéressés, le spectateur se fait plumer dans les deux cas). Qu'on ne vienne pas faire croire à une liberté créative, à une intégrité artistique lorsqu'on ne fait rien de cette liberté et de cette intégrité.
Bref, on s'en doute au synopsis, c'est un film résolument féministe... J'ai lu ici et là des avis disant que le film n'était pas caricatural, « sans forcer le trait » même... Autrement dit, j'étais encore plus sceptique qu'avant... Parce que si on est sérieux trente secondes, on parle d'inverser les genres, les femmes deviennent dominantes et les hommes soumis (est-ce le cas dans la réalité ? le débat est ouvert, mais pas dans le film), sauf que si on veut en faire une comédie, ou un truc qui dénonce, il faut forcer le trait justement, sinon ce n'est pas drôle...
Et effectivement le film force le trait et ne parle pas un seul instant de la vraie vie et se retrouve à dénoncer des caricatures... Youpi. On a donc au début du film Vincent Elbaz dragueur, super lourd, je dois avouer ne jamais en voir vu de pareil... pas fin, pas subtile pour un sous et qui se prétend tombeur, c'est à se demander comment il a pu se dépuceler tant on dirait un ado attardé qui essaye de parler aux filles en imitant des acteurs dans une mauvaise série télé. Il est ensuite projeté dans un monde où les femmes ont le pouvoir... et où toutes les femmes se comportent comme l'ado attardé qu'il était avant et où tous les hommes sont des pleureuses... Paye ta subtilité.
Tout ça avec une histoire déjà vue dans l'excellent La discrète de Christian Vincent, un film admirable où comme ici le héros écrit une histoire pour se moquer/se venger de l'autre sexe en faisant tomber son partenaire amoureux avant de le larguer, le tout en s'appuyant sur ce qu'il fait vraiment vivre à son partenaire. Sauf que dans la Discrète il y a avait un peu de poésie, de tendresse, on sentait l'évolution des personnages, on voyait Luchini révulsé par la fille au départ, fille qui devient de plus en plus belle au fur et à mesure qu'il tombe amoureux d'elle... Là, évidemment rien de tout ça, c'est fade du début à la fin...
On ne fait aucunement la différence entre le moment où Ferdane fait semblant d'être amoureuse et le moment où elle l'est vraiment... Il n'y a aucune alchimie entre elle et Elbaz... Déjà parce que les deux ne jouent pas très bien, mais en plus ils ne sont pas aidés par un scénario poussif qui veut absolument montrer toutes les facettes de ce que la réalisatrice croit être notre société (avec des combats aussi importants que les mecs qui écartent les jambes lorsqu'ils s'assoient) et donc rallonge inutilement le film avec des moments inutiles à l'intrigue, servant juste à porter le message du film... ridicule...
Il l'est d'autant plus que si on prend le moment où le meilleur ami d'Elbaz est cocu, ses amis lui remontent le moral, normal... et le film fait l'impasse sur le fait que les mecs se font aussi tromper dans la vraie vie... à quoi ça sert de faire un film autoproclamé progressiste si c'est moins bien écrit, moins pertinent qu'Anna Karenine ou Madame Bovary ?
Commence par faire exister tes personnages, comme ça après lorsqu'il leur arrivera des merdes on aura un peu d'empathie pour eux... Là on voit que c'est juste pour dénoncer les mecs qui trompent leurs femmes... Comme si c'était à sens unique... Tout le monde trompe tout le monde en vrai, le monde est un baisodrome... Et c'est pareil pour toutes les inversions qui sont assez mal gérées... Notamment toutes celles qui n'ont aucun sens et sont donc juste absurdes. Une femme qui écarte les jambes ça n'a pas de sens, elle n'a ni verge, ni testicule qui prennent de la place... Les femmes seins nus comme les mecs, idem, ça n'a aucun sens puisque les mecs regardent les seins même inconsciemment car justement, contrairement à ce que veulent croire les féministes, c'est un organe sexuel, ou du moins sexué, qui montre à quel point la personne en face va pouvoir s'occuper de sa progéniture (parce que le but des rapports homme/femme reste quand même la reproduction) et pour ceux qui ne me croient pas c'est pas moi qui'l'dit, faut'l'savoir, hein, faut voir la conférence Psychologie de la Séduction à l'Université de Bretagne Sud (mais ça pique).
Donc au lieu de proposer un univers matriarcal pertinent, Pourriat se contente juste d'inverser, ce qui a pour effet de dénoncer certaines attitudes masculines en montrant à quel point c'est ridicule sur des femmes... Sauf que c'est en effet ridicule chez des femmes, mais parce que justement ça a une raison d'être chez les hommes... genre les femmes qui pissent debout... les hommes qui s'occupent des bébés (depuis quand les hommes ont des seins pour allaiter ?)
Après on tombe dans les rengaines classiques des projets portés par les femmes qui ne sont pas acceptés car portés par des femmes (en a-t-on la moindre preuve ? non... poubelle...)
Donc peut-être que Eléonore Pourriat, la réalisatrice, aurait dû avoir moins de liberté créative et créer plus... Parce que même technique c'est d'une fadeur... Les moments où elle veut donner l'impression que c'est léché, on dirait une vidéo d'Inthepanda, en plus laid encore...
Il n'y a rien, ce n'est pas un film qui invite à une réflexion, à repenser des rapports humains ou homme/femme... c'est juste du militantisme de bas étage. Triste...
Il y a cependant une phrase qui m'a fait sourire, la mère d'Elbaz qui dit que « ça prend du temps le boudin quand on le fait bien » et le dernier plan qui est sympa... (pour ne rien faire comme tout le monde) Parce que tout n'est pas résolu... ça ferait presque une fin douce amère, si tout le reste n'était si fade et sans vie.
Bref, c'est long, insupportablement long, pour finalement ne rien dire, ni sur les rapports homme/femme, ni sur la société... Par contre pour venir chouiner dire qu'il faut éprouver de l'empathie pour le beau sexe, là il y a du monde... Ce qui en fait un film résolument féminin puisque la testostérone inhibe l'empathie... En voulant gruger la biologie, on se fait quand même toujours rattraper par le réel... un sale machiste celui-là.