"Je ne vois pas ce qu'on me trouve" est l'impression sincère et lucide d'un amuseur que sa notoriété n'abuse pas. Le vide existentiel que Pierre Yves ressent est tel qu'il semble même devoir déterminer l'indifférence polie des gens, ceux de Liévin par exemple, la ville de son enfance où il revient dans le cadre d'un festival. L'errance de Pierre Yves d'un lieu à l'autre dans la grisaille d'une ville qu'il ne reconnait pas montre et symbolise son état.
S'appuyant sur l'humour particulier de Jackie Berroyer, fait de dérison et d'autodérision, de blagues marmonnées, Christian Vincent réalise une comédie quelque peu amère et tout à fait insolite. Le portrait qu'il brosse de Pierre Yves n'est pas cérébral ni caricatural; il s'intègre harmonieusement à l'ambiance des petits festivals de province. Le temps d'un week end bien rempli, entre organisateurs pressés et attachée de presse dévouée (Karin Viard, toujours parfaite), l'humoriste éprouve ce qu'il est profondément. En particulier dans cette séquence inattendue et cruelle pour lui où l'invité de prestige se confronte à l'insignifiance de sa vie autant qu'à son dérisoire statut social.