Portrait succinct et libre d'un vieil homme qui est aussi un vieil acteur. Plus que par une histoire, Manuel de Oliveira se laisse guider par des idées et des situations fantaisistes qui ne sauraient constituer les éléments d'un récit rigoureusement structuré ou, simplement, d'une intrigue dramatique. Au point qu'on ne sait pas trop quel enseignement tirer du film, si même il est un enseignement à découvrir. Le drame familial qui atteint Valence, le personnage de Michel Piccoli, au début du film n'apparait d'ailleurs pas même déterminant.
Piccoli se confond avec son personnage, vedette de la scène, que de Olivieira filme longuement sur scène, précisément dans ses composition théâtrales, ou à l'occasion du tournage délicat d'un film en anglais, ou bien dans la rue, dans le café où Valence a, comme d'autres, ses habitudes. Humilité et simplicité caractérisent cet homme dépourvu de toute vanité, cet artiste proche de la fin de sa carrière, et de sa vie peut-être.
Michel Piccoli est très bien dans ce rôle complètement épuré qui ne tourne pas au numéro d'acteur. D'ailleurs, le réalisateur, facétieux, n'hésite pas à filmer le comédien de dos ou dans la pénombre, à filmer ses pieds dans ses nouvelles chaussures! Comme pour signifier la modestie du personnage.
Statique et évasive, la mise en scène déconcerte mais n'est pas dénuée d'un charme auquel Piccoli, talentueux et sûr, n'est pas étranger. Le film, comme Valence, demeure un peu énigmatique; doit-on y voir une leçon de vie d'un cinéaste de 93 ans ou bien ce moment touchant où un vieil artiste tire sa révérence?