Quand j'ai vu trois critiques similaires qui notaient 1 ce court-métrage qui remplit bien son rôle, mon sang n'a fait qu'un tour. Que ce soit Moizi (dont ce n'est pas la première tentative d'idée réactionnaire), Roboflop ou Gauthier Guttmann, l'argutie est propre à ce masculinisme qui ne se sent plus pisser dès qu'une femme prend le contrôle de son devenir, notamment le contrôle de son devenir moral.


Ailleurs, Sébastien Chaillou défend ce court-métrage, non pour son féminisme mais, pour le cas de "légitime défense" proposé - cas qui soulève de se défendre avec des coups. C'est tout un paradoxe dans le domaine du droit juridique.


On ne se connaît pas mais...
Je lui dédie cette critique.


Ce film est bien féministe, Sébastien. Tu as bien raison de ne pas te dire à l'aise avec la notion de féminisme car le "féminisme" existe non seulement pour se défendre des a priori, agressions banales (autrement appelées culture du viol) et des discriminations de genre ou de sexe, mais il existe également parce que, malgré la loi française que tu mets en avant dans ta critique, malgré l'Etat de droit, l'égalité n'est toujours pas là puisque l'émancipation des femmes s'est déroulée dans un système qui joue sur les concurrences (dont les divisions sexuelles) pour faire grimper son taux de profit. Je sais, cela a l'air dingue mais dès le plus jeune âge, on apprend non seulement aux enfants de se comporter en regard de leur sexe mais, en plus, ils sont très assujettis à la socialisation et au mimétisme socioculturel. C'est intégré. Il est intégré pour les petits garçons d'écraser les plus faibles et de rouler des mécaniques. Il faut se montrer en puissance, passer outre le consentement - ça sert à rien - et il faut se montrer en recherche de conquêtes et de jeux de domination. Pourquoi ? Pourquoi sinon la pression sociale, l'éducation et le rapport aux parents. Pourquoi sinon la consommation et le besoin de futurs travailleurs. Les deux sexes sont peut-être assis devant le même tableau mais ils sont traités différemment tout le temps : on sera dure avec le garçon mais moins avec une fille. Saleté de privilège franchement. Et ça, cette domination, tu en parles aussi, mais tu ne vas pas au bout. Tu sais, une émancipation, c'est tellement plus durable qu'une loi entre quatre murs ! Le féminisme, avant de mettre des pansements sur tout ce qui ne va pas, relève avant tout - roulement de tambour - d'une domination patriarcale et capitaliste (famille et propriété privée, un combo parfait, le must) : le féminisme est le fruit normal d'une conséquence des violences de cet ordre des choses.


Cette prise de conscience de la domination dans les raisonnements renverse l'idée même que le "sexisme inversé" puisse exister. Ici, face à l'agresseur du court-métrage, et surtout face à la non prise de conscience du professeur, l'agression est bien unilatérale. Et il faut y répondre. Et elle y a répondu. La qualité de cette réponse est une impasse pour le jugement rationnel. Je te renvoie, je vous renvoie tous à l'affaire Jacqueline Sauvage. Les gens, les mêmes personne qui n'ont pas compris le tollé de cette affaire, ou qui n'ont pas compris le sens de la grâce présidentielle n'ont aucune lucidité sociologique ou même des rapports de forces dominant/dominé dans notre société. Tous les jours, tous les jours, tous les jours, il n'y a pas un jour où ne se manifeste pas l'oppression masculine sur les femmes, en France comme ailleurs - mais pas franchement du fait de ces hommes, mais à cause de ce rôle pourri qu'on leur attribue au plus jeune âge #patriarcatland


Et ce modeste et grossier court-métrage redresse la barre, peut-être un peu trop abruptement pour être plus sincère qu'une campagne gouvernementale. Mais ce métrage fait le job.


On ne peut pas juger de la réaction à adopter rationnellement devant tout ce qui peut découler de cette violence institutionnalisée, intériorisée au sein même de l'enseignement public. Ce serait très mal venu. Ainsi qualifier de vengeance ou de manichéisme, c'est avoir perdu de vue la domination masculine qui ne cesse d'être démonté par une bande de réactionnaire, homme ou femme. De l'explication de la gynécocratie chez les soraliens à l'absolue détermination et individualisme pro-sexe de Peggy Sastre, on a là le langage de la perversité des siècles passés mais certainement pas celui de la justice... enfin ni le langage de la justice ni celui de l'émancipation des femmes (et des filles). Ce n'est pas au court-métrage, ou au manichéisme vengeur ou aux lois mal foutues qu'il faut s'en prendre. C'est au patriarcat doublé de son capitalisme oppresseur et exploiteur. C'est tout un système qui développe les soldats et les poupées dont il a besoin. C'est de lui que découle la violence et c'est de cette violence que découle ce court-métrage.


(oui, j'ai choisi de faire un final grossier pour bien montrer à quel point je suis "hystérique" - hm ? C'est comme ça vous dîtes ?)


NB : Je ne veux absolument pas faire de généralité sur l'éducation nationale, je la sais bien plus fine et à l'écoute par endroit, mais encore faudrait-il que la parole de l'élève soit prise en considération en tant parole d'une personne et non plus d'un enfant qui doit gérer alors le stress dû à son sexe ou genre et au stress engendré par la domination de la hiérarchie. #jesuisgauchiste

Andy-Capet
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le 24 févr. 2016

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Andy Capet

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