Cracher sur un court métrage féministe fait-ce de toi un odieux macho ?

Bon dieu de foutre non, si on m'avait dit que je ressentirais le besoin d'écrire une critique pareille sur sens critique ...


Question ma foi plus intéressante qu'elle n'y parait, elle est surtout transposable à un bon nombre de sujet du moment et pour d'autres époques. Il s'agit donc d'une mise en situation sur tous sujets "intouchables". Comme le racisme, l'homophobie, la liberté d'expression, le handicap, la religion, ce genre de choses.


Premièrement, j'aimerais introduire cette critique par l'idée des féminismes. Car il serait naïf de nier qu'il existe des dizaines de façon de voir le féminisme et la façon dont il faut lutter contre le sexisme, quitte à s'opposer au féminisme. En même temps, quand on parle d'un sujet de réflexion aussi vaste et complexe que le rapport des sexes, en mélangeant sociologie, biologie, histoire, culture, universalité et égocentrisme, ce ne peut pas être autrement. Il est donc tout à fait naturel que le féminisme ou, plus largement, l'égalité et le respect des sexes, fassent couler autant d'encre, au point que des divergences existent dans le groupe lui-même.
C'est ainsi pour ça qu'on pourra être d'accord avec une partie de l'argument de quelqu'un mais rejeter un autre morceau. Il peut même arriver qu'on s'accorde sur un point de détail avec notre farouche opposant ! C'est cette accumulation de petites choses qui forment ce que j'appelle humblement ... Un avis. Ou une opinion, c'est pareil.


Si la plupart des gens s'accordent sur l'idée du respect de l'opinion de chacun (puisque c'est la liberté de penser et que la bien-pensance adore ça), il y a une force plus forte encore qui pousse à débattre de toutes les opinions pour dicter des idées universelles : l'idée que notre pensée façonne nos actions et que nos actions façonnent le monde. Et on veut tous un monde à l'image de notre opinion.
En soit, le débat est une chose magnifique. Il permet de faire partager les opinions pour façonner la nôtre au delà de son vécu, au delà de notre vie. C'est presque transcender la pensée, tant qu'on ne tombe pas dans la démagogie. Car il n'y a rien de plus détestable que de débattre avec quelqu'un qui veut juste montrer qu'il a raison.
Il s'agit bien là de la pente glissante des critiques de SC. On impose une note, on se laisse des dizaines de lignes pour étaler ses arguments et on laisse la masse silencieuse nous protéger de ses likes ou nous enterrer de ses dislikes. Mais je m'écarte sur un autre sujet qui n'est pas celui de cette critique.


Puisque le féminisme est nature à conflit, il convient rapidement de prendre position et d'identifier la position des autres. Mais comme dit plus tôt, il n'y a pas qu'un seul féminisme et, plus problématique encore, un produit culturel ne se résume pas à son message ou à son courant de pensée.
En d'autres termes, la note est influencée par des milliers d'autres critères que le message.
La question qui peut donc se poser est : un message peut-il tout justifier ? Ou plutôt, la bonne intention.
Or, l'enfer est pavé de bonnes intentions. On peut souhaiter faire quelque chose bien et le faire mal, c'est ainsi. Je ne vais pas prendre d'autres exemples que le court métrage.
La difficulté est de se retrouver dans ces mélanges de critères. Est-ce que le 1 est de l'opposition aux féminismes ou à la forme de l’œuvre ? La critique est là pour nous justifier, pour faire cette différence, expliciter une nuance. Qu'elle cause un désaccord est presque sain, puisqu'il n'y a pas d'universalité possible devant l'art.


Ce court métrage particulièrement a la particularité et toucher à trois messages forts.
- La protection de l'enfant
- L'éducation
- le harcèlement sexuel
Trois sujets qui secouent les foules. Et il ne brosse pas tout le monde dans le sens du poil. Le défenseur de l'école s'offusquera, celui de la protection de l'enfant sera le cul entre deux chaises et celui du harcèlement sexuel sera relativement satisfait. Bref, on a déjà de quoi débattre, et on a pas encore touché à la forme et au contexte !
Mais si je me fis uniquement à ce que j'ai lu des critiques, je résumerais le court métrage à cette question...
Est-ce qu'une main sur la cuisse justifie vraiment un cassage de gueule en règle ?


Il est du droit de chacun de répondre oui ou non et il est presque de notre devoir d'en débattre, puisque c'est un sujet grave. Cependant, il ne faut pas partir trop vite en besogne d'un côté comme de l'autre. Ce n'est pas le machisme contre le féminisme mais bien souvent la recherche d'une défense proportionnelle à l'acte. Il ne s'agit ni de minimiser l'impact du geste du garçon, ni la réponse de la fille. C'est là que les adultes auraient du intervenir en replaçant tout le monde dans ses devoirs. Le devoir de respecter l'autre sans le violenter. Ce que les adultes ne font pas, argument qui a été mis sur la balance. Il s'agit donc de débattre de l'importance des deux gestes, voir ma question ci-dessus. Oui j'ai fait une boucle dans mon argument. Non j'ai pas fait exprès mais c'est une bonne façon de passer à la suite.
(vous remarquerez que j'ai enlevé le contexte scolaire et tout pour vraiment rester sur le noeud du produit qui semble être à mes yeux la vraie question que pose le réal dans ce court métrage. Mais on peut rajouter au débat la question de l'image de l’Éducation Nationale, ainsi que la pertinence de cette vidéo qui semble bien loin de la réalité du terrain et des vrais rapports qu'entretiennent les enfants entre eux.)


Donc, à cette question de l'appréciation personnelle se pose d'autres. Suis-je responsable des appréciations qu'on me donne ? Si une personne que je méprise apprécie ma critique, est-ce que ça signifie que je suis "dans son camp" ? Est-ce que je suis nécessairement dans l'erreur ou nos divergences se retrouvent-t-elle sur un point d'accord ? Mes éclaireurs, dont j'apprécie le goût détestent parfois un produit que j'adore. Est-ce une preuve de mauvais goût ou simplement le résultat d'un ensemble de causes qui façonnent notre richesse et nos différences ?


En guise de conclusion, voici quelques questions qu'il est intéressant de se poser.
Est-ce que mon attachement pour une personne, un genre, un idéal socio-politique justifie que j'excuse tous ses faux pas ?
Pourquoi peut-on être en désaccord avec moi ?
Est-ce que j'ai cherché à comprendre ce que l'autre a voulu dire avant de me faire une opinion de lui ?
Est-ce que c'est si important que ça ? N'est-ce pas, au final, qu'un court métrage parmi des milliers ?


et bonus :
Est-ce que rendre un sujet intouchable aide vraiment à faire avancer les choses ?

EliseMarty
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le 25 févr. 2016

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EliseMarty

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