La famille Paiva vit heureuse à Rio dans les années 70, jusqu’au jour où Rubens, le père, est emmené pour être interrogé, laissant derrière lui Eunice et leurs cinq enfants.
Il y a le ciel, le soleil et la mer à Copacabana, plage que les hélicoptères assombrissent de temps à autre. Après un cinéma, on rit dans une voiture en fumant un joint jusqu’à ce qu’un contrôle de police vous arrête brutalement. Au pouvoir depuis trois ans, la dictature militaire aime les rappels à l’ordre.
Walter Salles nous parle d’un temps que les plus de 50 ans ont connu au Brésil. Ainsi, raconte-t-il l’histoire vraie de ses amis, résistants pacifiques, qui, comme tant d’autres, furent fracturés par la disparition arbitraire de l’un des leurs. Sa reconstitution se veut un hommage fidèle et respectueux. C’est d’abord le bonheur marqué de ce clan des 6 qu’il illustre dans un long prologue lumineux fait de mouvements, de jeux, de musique, et de danse. Jusqu’à l’intervention sans férocité mais tout aussi menaçante d’envoyés armés. Les rideaux se ferment et les êtres se figent. Nul besoin d’insister ensuite sur les scènes de torture pour en surligner l’horreur.
Dans cette ambiance de plomb, luit une héroïne, épouse et mère courage, puis avocate. Digne en toute circonstance, elle se refuse de ne pas sourire sur les clichés, même avec un acte de décès entre les mains. Fernanda Torres lui offre son élégance, quand, par la magie du cinéma, c’est la comédienne Fernanda Montenegro, sa maman dans la vie, qui incarne Eunice vieillie. A travers le film, se joue alors un travail sur la mémoire face au temps qui passe. Les documents archivés, les photographies conservées ou les pellicules super 8 sont autant de témoignages d’une époque. Il est important de ne jamais oublier pour que cette page d’histoire que certains aujourd’hui voudraient voir renaître soit plus que des traces laissées blanches sur les murs jaunis d’une maison vide.
(7/10)
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