On dirait le sud

Très beau film, sur la trajectoire d'une famille à qui on arrache un père, qu'on prive d'un bonheur insouciant. L'ambiance du film me fait penser à de Le Sud de Nino Ferrer, une fable tragique, nostalgique mais heureuse. Le film est déchirant mais tellement beau et optimiste, on ne cède jamais aux sentiments négatifs.

Dès les premières minutes, Je suis toujours là m'a touché en capturant de manière très authentique la vie de cette famille. Pendant de longues minutes, le film avance sans aucun élément déclencheur. Mais ce n'est pas un défaut du tout, c'est même crucial et on ne s'ennuie pas une seconde. On comprend tous les enjeux, on vogue entre l'oppression militaire et le bonheur de cette famille, comme intouchable. Je sais pas comment dire mais vraiment, en quelques scènes tout est limpide et on marche avec cette famille nombreuse comme si on était né au Brésil avec eux, on est vraiment heureux avec eux : les jeux sur la plage, les disputes inoffensives, une famille pleine de projets et de vitalité qui danse, qui chante et qui invite.

"On aurait pu vivre plus d'un millions d'années, et toujours en été" comme chante Nino Ferrer, mais malheureusement "un jour ou l'autre il faudra qu'il y ait la guerre".

Beaucoup de scène m'ont beaucoup ému : pimpao, le départ de la maison... Des évènement un peu anecdotiques comparés à la disparition d'un père mais voilà, ce sont des moments symboliques. Ils évoquent une rupture, toutes les belles choses ont une fin, c'est rageant de tristesse mais beau à la fois.

La suite nous invite à comprendre la reconstruction quand nous vole violemment notre bonheur. La quête de vérité avant tout. Et aussi mis en valeur à la fin du film, le travail sur la mémoire est très important et passe par différents médias, écriture, photographie, vidéo. J'adore les passages filmés au caméscope, c'est beau et nostalgique. J'adore les lettres de l'aînée envoyée depuis l'Angleterre, c'est beau et spontanée. J'adore les photos de famille, c'est beau et insouciant. Autant de traces qui prouvent que le bonheur existe ici bas et vaut la peine de se battre pour lui. Ces traces du passé qui nous poussent vers l'avenir, très joliment raconté à travers l'abnégation de la mère, son optimisme et l'amour qu'elle porte à ses enfants (quand elle dit à ses enfants de sourire sur la photo <3).

Je trouve que le film peine un peu à finir avec ses plusieurs timelines, mais il est pourtant source d'espoir. Le film se clôt sur une photo de la famille version nouvelle génération : la trajectoire a déviée mais on s'est battu, on s'est relevé et les enfants pourront vivre le bonheur qui a été enlevé à leurs parents.